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En ce début du mois de novembre, les températures sont encore douces, malgré la grisaille francilienne. Sur l’aire de stationnement devant le quai d’expédition de la plateforme Alliance Healthcare de Drancy (Seine-Saint-Denis), installée sur un terrain de plus de 2 hectares à quelques lacets de l’autoroute, des employés s’affairent à charger les camionnettes blanches discrètement siglées du logo bleu et vert de l’entreprise. Dans quelques minutes, la flotte de véhicules, munie de sa précieuse cargaison de médicaments, s’éparpillera pour entamer sa tournée rituelle des pharmacies.

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De Vincennes (Val-de-Marne), au sud-est, jusqu’à Creil (Oise), à une cinquantaine de kilomètres au nord, les chauffeurs auront environ deux heures pour livrer les 800 officines clientes de l’agence de Drancy. Une logistique au cordeau, répétée deux fois par jour, chaque nuit et chaque après-midi, exception faite du dimanche. « Nous sommes l’un des derniers secteurs d’activité à le faire. C’est ce qui permet au patient d’avoir son traitement dans la journée, même si l’officine ne l’a pas en stock à l’ouverture. Il n’y a guère que chez le garagiste, où vous déposez votre voiture le matin et la récupérez l’après-midi, qu’on peut encore voir un niveau de service similaire », note Yohann Vermond, le directeur de l’établissement de Seine-Saint-Denis.

Les grossistes-répartiteurs sont méconnus. Pourtant, ces logisticiens de l’ombre, soumis à des obligations légales strictes, comme celle de livrer sous vingt-quatre heures toute officine sur son territoire qui lui passe commande, assurent plus de 70 % des approvisionnements de médicaments remboursés des près de 20 000 pharmacies tricolores. Chaque année, ce sont ainsi 1,8 milliard de boîtes de médicaments qui passent entre leurs mains pour atterrir sur les étagères des officines, soit l’équivalent de 6 millions de traitements expédiés quotidiennement. Le tout dans un délai de livraison moyen d’un peu plus de deux heures. « Les pharmacies n’ont souvent pas la surface suffisante pour entreposer toutes les références de médicaments disponibles sur le marché. D’où le recours aux grossistes-répartiteurs, qui vont les ravitailler au fil de l’eau », explique M. Vermond.

Une préparatrice de commandes dispose les médicaments dans les bacs, dans les locaux d’Alliance Healthcare, à Drancy (Seine-Saint-Denis), le 7 novembre 2024.

Procédé technique rigoureux

Pour faire tourner cette mécanique bien huilée, une équipe de 120 employés se relaie sur le site de Drancy, l’une des 40 plateformes implantées dans l’Hexagone du groupe Alliance Healthcare, une filiale de l’américain Cencora, et l’un des principaux acteurs de la filière en France, aux côtés de l’allemand OCP Phoenix et du français CERP. Dans l’établissement, la journée débute avec la réception des palettes de médicaments – quotidiennement de 80 à 90 en moyenne sur le site –, achetées en gros aux laboratoires pharmaceutiques à des prix réglementés par l’Etat. Comme tous ses concurrents, Alliance Healthcare doit référencer au moins 90 % des médicaments autorisés en France, soit plus d’une dizaine de milliers de produits, avec, pour chacun, un stock de sécurité correspondant à deux semaines de consommation. Pour assurer une traçabilité des médicaments à la boîte, chaque produit est scanné avant d’être envoyé dans la zone de préparation.

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