Meilleures Actions
Histoires Web dimanche, avril 28
Bulletin

Depuis l’exode forcé, en 1948, de près de la moitié des Palestiniens, lors de la création de l’Etat d’Israël, la vie de la famille de Maha Morra, originaire de la région d’Haïfa, est un long récit de dépossession et de dispersion. Le spectre de la mort violente continue de rôder : une sœur de Maha, Cheikha, vit dans la bande de Gaza, sous les bombes israéliennes. « Son fils Hani a été tué lors d’une frappe, alors qu’il cherchait de la nourriture pour ses enfants. Un autre, Mohammed, a péri lors d’un précédent conflit. Ma sœur a dû quitter sa maison de Khan Younès, en ruine. Elle est épuisée, elle souffre psychologiquement », rapporte Maha, dans l’école maternelle où elle est surveillante, à Bourj Al-Barajneh, dans la banlieue de Beyrouth – l’un des douze camps de réfugiés palestiniens au Liban.

Maha Morra dans le jardin d’enfants où elle travaille, dans le camp de Bourj Al-Barajneh, à Beyrouth, le 27 mars 2024.

La guerre à Gaza a, pour elle, une dimension intime. Le conflit ravive aussi les traumatismes : trois frères de Maha ont été tués lors de la guerre du Liban (1975-1990), et elle a connu les déplacements, d’un camp à un autre, au milieu de la destruction.

Cheikha, se souvient-elle, a quitté Bourj Al-Barajneh, par amour, en 1982. Cette année-là, l’armée israélienne envahit le Liban. Quelque 12 000 hommes, pour la plupart combattants de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), sont contraints à l’exil vers d’autres pays arabes avec leur chef, Yasser Arafat. Parmi eux figurent aussi des militants, comme Khodr Fayad, journaliste affilié au Fatah, originaire de Gaza, fiancé de Cheikha. Au Yémen, le couple fonde une famille. En 1994, après les accords d’Oslo, Yasser Arafat entre à Gaza. Dans son sillage, des membres du Fatah qui avaient été chassés du pays du Cèdre posent leurs valises dans l’enclave. Khodr et Cheikha en font partie.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Au Liban, le Hezbollah entretient la colère contre Israël

Plus de 32 000 Palestiniens, en majorité des civils, ont été tués depuis octobre 2023 à Gaza. « Il n’est pas nécessaire d’avoir des proches là-bas pour être révolté par la guerre d’anéantissement que mène Israël », dit Maha, qui n’a pas revu sa sœur depuis trente ans.

« Ils manquent de tout »

Dans le camp, portraits de Yasser Arafat et fanions du Fatah ou de l’OLP sont omniprésents. Mais, désormais, dans la rue principale, abondent des affiches de figures du Hamas rival, comme Abou Obeida, porte-parole de la branche armée du mouvement islamiste. Dans les ruelles étroites et miséreuses, où les lacis de fils électriques cachent la vue du ciel entre les immeubles, le nom du Hamas est partout sur les murs, inscrit à la peinture en bombe. « Tout le monde n’est pas devenu partisan du Hamas. Mais Abou Obeida nous a fait sentir que nous, Palestiniens, pouvions obtenir un Etat. Que la solution à deux Etats soit enfin appliquée ! Mais Israël n’en veut pas : avant [l’attaque du Hamas du] 7 octobre [2023], Gaza était étranglée. En Cisjordanie, les exactions israéliennes sont continuelles », s’insurge Maha.

Il vous reste 57.37% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.