Donald Trump plonge le monde dans un torrent d’incertitude, autant sur le plan commercial que financier et monétaire. Derrière le bruit et la fureur des multiples annonces, on peut tout de même déceler des stratégies et leur logique, même si elles ne sont pas dénuées de contradiction et de risque.
Dans le domaine financier et monétaire, la principale question peut se résumer ainsi : comment les Etats-Unis entendent-ils maintenir la domination internationale du dollar tout en portant des coups à la mondialisation commerciale et financière ? On voit poindre deux réponses possibles dans l’entourage du président.
L’une, défendue par Stephen Miran, qui pilote les conseillers économiques de la Maison Blanche, propose de forcer les gouvernements et banques centrales étrangers à détenir des dollars et accepter les termes du contrat décidés par les Etats-Unis. L’autre, esquissée par Scott Bessent, le secrétaire au Trésor, mise sur le développement des usages privés du dollar, au moyen de cryptomonnaies dont la valeur lui serait adossée (stablecoins).
Stephen Miran pense donc pouvoir conserver – voire renforcer – le rôle du dollar comme première monnaie de réserve internationale en forçant la main de ses détenteurs publics (dits « officiels »). Ce sont principalement les banques centrales de pays qui veulent maintenir un taux de change quasi stable avec le dollar, tout en s’ouvrant financièrement. Les réserves en dollar qu’elles accumulent leur servent soit à prêter aux banques de leur pays en cas de sortie de capitaux, soit à éviter une appréciation de leur monnaie face au dollar et préserver ainsi la compétitivité de leurs exportations.
Déprécier le dollar
Donald Trump et Stephen Miran ont plusieurs fois menacé de droits de douane les pays qui vendraient leurs dollars. Ils ont aussi proposé d’échanger ces réserves, détenues sous forme de dette des Etats-Unis à court terme, en dette à long terme qui ne serait plus vendable sur les marchés financiers. Toute cette stratégie repose sur l’hypothèse que les autres pays acceptent les termes du contrat rédigé par les Etats-Unis.
Il vous reste 66.8% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.