L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER
Les Jours d’avant, le film qui fit découvrir, et admirer d’emblée, Karim Moussaoui en France en 2015, était le récit d’un empêchement : deux jeunes gens des années 1990 dont l’espoir enivrant de satisfaire leur désir réciproque était brisé net par la montée du terrorisme. Film doux et déchirant dont le suivant – En attendant les hirondelles (2017) – approfondissait le motif à travers trois récits, de nouveau empêchés, foulés aux pieds, brisés, vécus à l’époque contemporaine. Où l’on voit que les motifs intimistes, romantiques, du cinéma de Karim Moussaoui sont puissamment politiques : l’écrasement de l’individu par la société, et plus précisément des jeunes gens par l’ordre patriarcal, y est une constante dramaturgique qui détermine toute la valeur émotionnelle et analytique de cet auteur.
L’Effacement – film éponyme adapté d’un roman de Samir Toumi publié en 2016 – en reconduit la donne à travers une relation filiale suffocante tirant discrètement vers le fantastique kafkaïen. Deux frères, Reda (Sammy Lechea) et Faycal (Idir Chender), vivent dans une maison opulente d’un quartier bourgeois d’Alger, sous la férule de leur père, Youcef – l’un des plus hauts responsables de la principale entreprise d’hydrocarbures du pays –, dont le tempérament autoritaire et intraitable le porte à ne rien laisser passer à ses fils et à déterminer, en leur lieu et place, leur destin. Un violent éclat ouvre le film, qui voit Faycal, l’aîné, claquer la porte du foyer familial pour vivre sa vie.
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