Dans le centre-ville de Hader, une localité druze syrienne au pied du djébel Al-Cheikh (aussi appelé mont Hermon), le sommet du plateau du Golan, quatre véhicules tout-terrain de l’armée israélienne surgissent. Des passants s’arrêtent et les regardent. D’autres vaquent à leurs occupations comme s’il n’y avait là rien d’incongru. Les soldats israéliens ne semblent pas sur leurs gardes. Certains esquissent même un sourire à l’adresse des habitants vêtus de l’habit druze traditionnel, pantalon bouffant noir, calotte blanche – et moustache – pour les hommes, robe noire et long voile blanc pour les femmes.
Dans ce village entouré de champs d’amandiers en fleur, situé à une heure de route de Damas, les patrouilles de l’armée israélienne sont fréquentes depuis la chute du dictateur Bachar Al-Assad, le 8 décembre 2024. Les soldats israéliens ont érigé deux nouvelles positions sur les contreforts du djébel Al-Cheikh, face au village. Toutes deux se trouvent dans la zone démilitarisée délimitée en 1974 par l’accord signé entre Israël et la Syrie, sous l’égide des Nations unies, après la conquête du plateau du Golan par Israël, en 1967.
A Hader, les nouvelles autorités de Damas n’ont déployé aucune force armée pour prendre la relève des troupes fidèles au régime déchu. Elles ont pourtant licencié, dans ce village de 13 000 habitants considéré comme pro-Assad durant la guerre civile, des centaines d’anciens soldats, de policiers et de fonctionnaires de l’Etat. « Ici, le gouvernement n’est pas présent. Les Israéliens contrôlent le village, dit le cheikh Chahine Hassoun Abou Nabi, la plus haute autorité religieuse de Hader. Ce n’est pas notre affaire s’ils entrent dans le village, c’est de la politique entre Etats. Or, le gouvernement ne réagit pas contre Israël. »
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