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« Dans ce milieu, soit tu te mets à picoler, soit tu divorces, bref, tu as toutes les chances de mal finir. » Carré de cheveux gris, yeux rieurs et gros pull-over pour se préserver du froid mordant de cette mi-décembre, Sylvie Desjonquères sait la dureté du monde associatif : trop d’indignation, trop d’engagement peuvent finir par user. Mais du haut de ses vingt-cinq années de militantisme à défendre la cause des migrants le long du littoral du Nord-Pas-de-Calais, cette ancienne responsable d’Emmaüs Grande-Synthe a su, elle, transformer sa colère en énergie positive. Sous son air jovial, la sexagénaire, avec sa voix de stentor et sa gestuelle théâtrale, ­continue de dénoncer, avec la même force, les conditions de vie misérables de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants ayant tout perdu en quittant leur pays. C’est pour eux qu’elle a créé la Maison Sésame.

Située au cœur d’Herzeele, un village du Nord de 1 600 habitants, à une vingtaine de kilomètres de Dunkerque, cette bâtisse est depuis cinq ans un lieu de répit pour les exilés en transit vers le Royaume-Uni. L’année 2024 aura connu une nouvelle poussée du nombre de traversées à bord de canots de fortune, 30 000 au 1er novembre, selon le ministère de l’intérieur britannique ; mais elle pourrait surtout s’avérer la plus meurtrière, avec encore un nouveau naufrage le 29 décembre. Au moins 76 personnes ont perdu la vie en tentant de rejoindre les côtes anglaises depuis le 1er janvier 2024. « Le jugement que l’on peut porter sur leurs raisons de s’exiler m’importe peu. La réalité, c’est qu’ils sont là. Il était impossible pour moi de les voir survivre dehors dans des conditions indignes », raconte Sylvie Desjonquères, pour expliquer la naissance de la Maison Sésame.

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