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Histoires Web dimanche, septembre 15
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L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

La chose est assez rare pour être notée d’emblée : Tatami est le premier film réalisé par un Israélien et une Iranienne, tandis que leurs pays se mènent une guerre de moins en moins larvée, ravivée par les événements récents au Moyen-Orient. Les deux ont pour autre point commun d’avoir quitté leur terre natale. Guy Nattiv, 51 ans, a émigré aux Etats-Unis, où il vit et travaille. Il a signé à ce jour cinq longs-métrages, parmi lesquels Strangers en 2007 (un Israélien et une Palestinienne se rencontrent à Berlin) et Skin en 2018 (la rédemption d’un jeune néonazi américain). Zar Amir, 43 ans, actrice réputée en Iran, s’est exilée en France en 2006, et a obtenu le Prix d’interprétation féminine à Cannes en 2022 pour Les Nuits de Mashhad, un film sur un serial killer persan d’Ali Abbasi, remarquable cinéaste danois d’origine iranienne.

Tatami, le projet qui les réunit, se déroule durant une Coupe du monde de judo à Tbilissi, en Géorgie. La délégation iranienne y envoie notamment Leila (Arienne Mandi), son athlète la plus capée, accompagnée de son entraîneuse, Maryam (Zar Amir), pour y conquérir une médaille d’or. Sur son parcours, Leila doit toutefois affronter une judoka israélienne.

L’antisionisme de la République islamique, qui prône le boycott intégral de l’Etat d’Israël dans l’attente de sa destruction, n’a toutefois jamais permis à une telle situation d’advenir. Aussitôt, le rouleau compresseur se met en branle, s’exerçant à distance d’abord par des appels incessants, puis par la voie du personnel diplomatique local, sur la personne de l’entraîneuse, de laquelle on exige qu’elle se fasse obéir de la judoka.

Deux fils dramaturgiques

Leila, bloc de pure énergie et caractère de fer, ne l’entend pas de cette oreille. Elle veut aller jusqu’au bout, quoi qu’il en coûte. Nulle raison autre que sportive ne semblant devoir expliquer ce choix. A partir de quoi, les auteurs entremêlent deux fils dramaturgiques. Le fil Leila, dont l’obstination va clairement mettre en danger, non seulement elle-même mais aussi la famille et les amis qui la soutiennent au pays, sur lesquels la mise en scène revient régulièrement.

Et le fil Maryam, écartelée entre sa relation à Leila, qui échappe de plus en plus à son influence, et les menaces qu’on fait peser sur elle à Téhéran. La profondeur du personnage tenant ici au fait que l’histoire de Leila répète celle qu’elle a vécue elle-même, voilà quelques années, en tant qu’athlète, sans faire preuve d’autant de détermination.

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