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Histoires Web vendredi, janvier 10
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Le silence s’impose dans l’habitacle du Humvee à mesure que le véhicule militaire progresse vers les lignes ennemies. Au volant, Volodymyr (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille, comme les autres personnes désignées par leur prénom), casqué et concentré, zigzague sur les chemins de campagne creusés de profondes ornières par les va-et-vient des blindés. Alors que l’orée d’un champ à découvert apparaît, il s’arrête et demande à son équipage de vérifier si le système de brouillage est bien activé. Ces antennes installées sur les toits des véhicules émettent des fréquences visant à paralyser les drones kamikazes des Russes qui sillonnent le ciel à la recherche d’une cible. Comme de nombreux engins qui longent cette ligne du front de l’est de l’Ukraine, dans le Donbass, le Humvee de Volodymyr est recouvert de grilles métalliques pour atténuer le plus possible l’impact d’une explosion.

Après un trajet d’une trentaine de minutes, le conducteur effectue finalement une embardée sur la gauche, puis s’enfonce dans un bois où stationne une batterie d’artillerie de la 33e brigade mécanisée. Ici, les hommes passent leur vie sous terre, dans un abri sommaire occupé par des lits en bois. A l’intérieur, les mines sont basses, fatiguées, faiblement éclairées par un petit halo de lumière. Le commandant Konstyantyn, « Skill » de son nom de guerre, 40 ans, observe les mouvements des troupes ennemies sur un petit écran quadrillé d’images prises en direct par des drones. Ce 13 octobre, cela fait déjà plus de deux mois que les hommes combattent sur cette portion du front, près de Kourakhove, petite ville du Donbass sur laquelle les Russes concentrent leurs assauts.

Un opérateur de batterie d’artillerie ukrainien dans un 2S1 « Gvozdika », un canon automoteur de 122 mm, sur le front aux environs de Kourakhove, dans le Donbass (Ukraine), le 13 octobre 2024.
Un opérateur de batterie d’artillerie ukrainien dans un 2S1 « Gvozdika », un canon automoteur de 122 mm, sur le front aux environs de Kourakhove, dans le Donbass (Ukraine), le 13 octobre 2024.

« Les Russes sont comme des cafards », lâche amèrement Andriy, 48 ans, nom de guerre « Aristocrate », ancien manageur chez Nestlé. « Ils attaquent tous les jours. » La mission du petit équipage de cinq personnes consiste à frapper l’ennemi avec un 2S1 « Gvozdika », un canon automoteur soviétique de 122 millimètres, recouvert d’un filet de camouflage. Les cibles principales sont les chars, explique le commandant, « Skill ». Cet ancien électricien reconnaît avoir reçu plus de munitions ces derniers temps. Il estime cependant que ce n’est « pas assez ». L’ampleur de l’aide occidentale reste toujours insuffisante pour faire face aux moyens déployés par Moscou.

Immenses pertes en hommes et en matériel

Cela fait plusieurs mois que l’armée russe avance dans le sud-est de la région de Donetsk, concentrant ses assauts meurtriers sur une zone s’étirant sur des dizaines de kilomètres, du nœud stratégique de Pokrovsk à la petite ville de Vouhledar, prise début octobre. Les Russes progressent sur de nombreux axes, profitant des failles dans le dispositif de défense de Kiev et encerclant les soldats ukrainiens pour les obliger à se replier. Au cours du mois d’octobre, Moscou aurait enregistré ses gains territoriaux les plus importants depuis le printemps 2022, selon une analyse de l’AFP établie à partir de données de l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW, à Washington), qui fait état d’une progression de 478 kilomètres carrés sur le territoire ukrainien.

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