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Histoires Web vendredi, octobre 18
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La première chose qui a heurté Julien Chavepayre quand il est arrivé sur le site de l’Institut thérapeutique éducatif et pédagogique (ITEP) de Rivehaute (Pyrénées-Atlantiques), c’est son invisibilité dans l’espace public (paradoxale si l’on considère que, avec ses 5 hectares de terrain, il occupe la moitié de la superficie du village), ainsi que le manque de lisibilité de l’espace qu’il occupe. Pour accéder à cet établissement consacré à l’éducation d’enfants et d’adolescents atteints de troubles du comportement, il faut en effet repérer le petit panneau à l’entrée de la commune et s’engager dans une venelle qui prend la tangente depuis la départementale. Sur le parking aux airs de terrain vague où on aboutit, un vide borné par deux longères aux façades aveugles laisse entrevoir une vaste pelouse, une allée qui part en biais et une série de bâtiments dont rien ne désigne la fonction.

« On ne sait pas où on est, résume ce pilier du Collectif Encore, agence d’architecture, d’urbanisme et de paysage implantée dans le Béarn rural, à la lisière du Pays basque. Il n’y a pas vraiment d’entrée, pas le début d’un accueil… Pour les enfants qu’on amène ici, des enfants qui sont violemment exposés à l’exclusion, à la stigmatisation, à l’invisibilisation, qu’on transbahute en voiture d’institution en institution, qui sont, pour nombre d’entre eux, particulièrement angoissés par le vide, ce grand espace informe, sans identité, ne peut qu’être qu’angoissant. »

Homme-orchestre autodidacte, Julien Chavepayre intervient comme architecte, programmiste, urbaniste dans tous les projets de cette agence dont son épouse, Anna Chavepayre, architecte suédoise, diplômée pour sa part, inscrite à l’ordre, et lauréate en 2018 du prix Kasper Salin, la plus haute distinction de la discipline en Suède, est à l’origine.

Lire l’entretien (2019) : Article réservé à nos abonnés Anna Chavepayre, architecte : « Notre démarche consiste à accepter tous les espaces tels quels »

A l’été 2023, il est sollicité par Les Events, l’association qui gère le fonctionnement de l’ITEP. Décidé à se lancer dans un projet de rénovation thermique pour faire face à des factures d’électricité dont les montants ont explosé, le conseil d’administration a vu là l’occasion d’établir un diagnostic fonctionnel du bâti. L’idée que l’architecture pourrait aider l’établissement à trouver un nouveau souffle apparaissait comme une piste à explorer, dans le cadre d’une réflexion pour sortir d’une crise de fonctionnement sévère, dont l’origine remonte à 2013. La loi sur l’école inclusive, promulguée cette année-là, qui permet aux enfants souffrant de handicap d’être scolarisés dans les écoles de la République, a bouleversé le fonctionnement de l’institution, laquelle ne s’en est jamais vraiment remise.

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