Un bon compromis se reconnaît lorsque les deux parties se retirent insatisfaites. Après [l’accord de] Bougival [signé le 12 juillet entre indépendantistes, non-indépendantistes et le ministre des outre-mer, Manuel Valls], nous y sommes. Le temps est donc aux explications, à la pédagogie. Présenter, expliciter, commenter s’avère plus que jamais indispensable. Néanmoins, il faut être conscient que cette nécessité conduira forcément à constater l’insatisfaction. Avant d’atteindre le statut d’accord, le texte de Bougival restera longtemps au stade de compromis.
Ce n’est qu’une fois passé aux cribles successifs du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, du Parlement, du Congrès réuni à Versailles, sans oublier le Conseil constitutionnel, que le compromis se muera en accord… ou pas. Enfin, le résultat de la consultation des électrices et électeurs néo-calédoniens, prévue en février 2026, consacrera cette mutation… ou pas.
Il reste donc sept mois pour convaincre. Persuader que le texte est un bon texte, que les dispositions qui s’y trouvent correspondent aux désidératas et aux revendications d’une majorité de la population. Une mission « quasi impossible », dans laquelle la part prise par l’« impossible » est connue, ou le sera pendant ces prochains mois, car largement exposée sur les réseaux sociaux en Nouvelle-Calédonie, et dont il faudra plutôt se demander à quoi correspond la part de « quasi ».
Pas de marche arrière
En premier lieu, ce texte s’appuie sur un principe vital pour le pays, qui veut que lorsqu’un compromis est conclu entre des Kanak et des non-Kanak, on ne le refuse pas. C’est la grande leçon [des accords de Matignon] du 26 juin 1988, immortalisée par la statue de Jean-Marie Tjibaou [leader indépendantiste] et Jacques Lafleur [influente figure loyaliste] sur la place de la Paix à Nouméa. Un texte qui reprendrait la pensée du premier nommé serait à l’opposé d’un texte reprenant celle du second. Ce n’est donc pas le texte que la majorité des gens du pays ont approuvé et continuent d’approuver, c’est la poignée de main. C’est le geste.
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