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L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER
Suivez la fleur, elle se prénomme Iris (Isabelle Huppert), porte une robe printanière et un gilet vert comme l’herbe du parc où elle trouve parfois refuge. Peut-être même a-t-elle surgi ici, au milieu des arbres. Car nul ne sait comment cette élégante a atterri en Corée du Sud, s’improvisant professeure de français, à la limite de l’imposture, s’incrustant au domicile des gens, les faisant parler (et boire), entre psy et maîtresse de cérémonie.
Film alcoolisé en plein Dry January, La Voyageuse, de Hong Sang-soo, nous emmène dans les cimes. Car la « méthode » d’Iris a quelque chose d’irrésistiblement perturbant : elle transmet l’apprentissage de la langue à partir des émotions de ses élèves. Leurs confessions lui inspirent quelques phrases bien senties, qu’elle note en français sur des fiches : ils devront les apprendre par cœur. « Vous aimerez entendre vos sentiments dans une langue étrangère », leur dit-elle, entre deux verres de makgeolli, un alcool de riz d’apparence lactée.
De l’appartement d’une jeune fille (Kim Seung-yun), belle et fragile comme un coquelicot, Iris passe au domicile d’un couple qui flaire l’arnaque, tout en se laissant conter fleurette (le mari surtout). On n’a jamais vu rire de la sorte Huppert, tandis que son personnage fait de l’œil à l’époux et s’esclaffe comme une gamine. Ou bien est-ce l’actrice qui se trouve prise d’un rire nerveux en jouant une telle partition ?
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