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Histoires Web dimanche, septembre 8
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Retrouvez tous les épisodes de la série « L’Eté en chansons » ici.

C’est un phénomène de radoucissement qui a lieu en automne durant quelques jours dans l’hémisphère Nord, dont le nom « indian summer », « été indien », viendrait d’écrits datant de la fin du XVIIIe siècle l’ayant constaté en Amérique du Nord dans des régions habitées par des Amérindiens. Joe Dassin (1938-1980) est même carrément affirmatif lorsqu’il chante, en juin 1975, que c’est « une saison qui n’existe que dans le nord de l’Amérique/Là-bas on l’appelle l’été indien ».

Les auteurs du texte de la chanson L’Eté indien, ballade romantique à l’immense succès, sont Claude Lemesle et Pierre Delanoë (1918-2006). Il s’agit d’une adaptation d’Africa, chanson du groupe italien Albatros, dont la musique a été composée par Toto Cutugno (1943-2023, interprète de L’Italiano, en 1983). Dans Africa, chantée en anglais, il n’y a pas d’été indien, pas de romance à propos d’un amour né « sur une plage », en automne, et perdu depuis, pas de « robe longue » et de ressemblance « à une aquarelle de Marie Laurencin ». Mais le désir d’un musicien afro-américain de quitter la ville oppressante avec ses embouteillages, sa population hystérique, pour l’Afrique, où il trouvera l’apaisement.

Romance de l’amour perdu

Trois paroliers, l’Anglais Stuart Ward, les Italiens Vito Pallavicini (1924-2007) et Pasquale Losito, s’y sont mis et ont eu l’idée que le début de la chanson et les couplets soient parlés – le refrain se contente d’enchaîner des « ba-ba-ba ». Ce qui a plu à Joe Dassin, qui décide de s’en tenir à cette construction avant l’envolée du refrain, cette fois pourvue des paroles « on ira où tu voudras/quand tu voudras ». Le succès de L’Eté indien – qui conserve sur la pochette du 45-tours la mention Africa entre parenthèses – fait découvrir au grand public l’expression et remet en avant le nom de la peintre Marie Laurencin (1883-1956), alors oubliée.

L’histoire du musicien afro-américain d’Africa, déjà bien absente dans l’adaptation de Lemesle et Delanoë, sera définitivement abandonnée lorsque les auteurs-compositeurs Frank Musker et Dominic Bugatti sont chargés de concocter une version en anglais de L’Eté indien afin qu’elle soit enregistrée par Joe Dassin pour le marché anglo-saxon. Ils restent plutôt fidèles à Lemesle et Delanoë. La plage y est, ainsi que l’automne, la romance de l’amour perdu, la robe longue… Mais pas de mention à Marie Laurencin ou à tout autre peintre. Et la promenade « on ira où tu voudras… » devient un nostalgique « think of me/when this is just a memory » (« pense à moi quand ce n’est qu’un souvenir »).

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