ARTE.TV – À LA DEMANDE – MINISÉRIE
La scène inaugurale de Querer est de celles qui ne s’oublient pas. Dans le silence de plomb d’un appartement bourgeois de Bilbao, une femme retire son alliance, sort une valise, y place quelques vêtements et ses économies, tire des photos d’un album, boucle sa trousse de toilette, dans une chorégraphie comme préparée de longue date et dont aucun détail n’est laissé au hasard. Miren Torres (Nagore Aranburu) s’apprête à quitter le domicile conjugal après trente ans de mariage avec Iñigo Gorosmendi (Pedro Casablanc), contre lequel elle vient de déposer une plainte pour viols et violences.
Une porte s’ouvre et se referme, Miren sursaute. Le mari est rentré à l’improviste, et la sidération sur son visage dit tout de la terreur qu’il lui inspire. Iñigo, qui ne se doute de rien, lui demande de lui cuire un steak – dans Querer, chaque objet est investi d’une symbolique. Devant le morceau de viande qui grésille sur le feu, Miren pose la pince à viande et s’enfuit. Le départ, dûment planifié, se transforme en évasion.
Si prouver la réalité d’un viol auprès de la justice est en soi compliqué, ça l’est d’autant plus quand le violeur est le mari, et c’est pour mettre en lumière la spécificité du viol conjugal qu’Alauda Ruiz de Azua a écrit et réalisé Querer pour la plateforme Movistar Plus+, véritable écrin d’excellence ibérique à qui l’on doit notamment La Mesias. Le titre de la série, jeu sur la polysémie d’un verbe qui signifie à la fois aimer, désirer et vouloir, tient lieu de programme, et celui-ci est exécuté d’une main de maître par la cinéaste basque. Présentée au festival Séries Mania, en mars à Lille, la fiction a remporté le Grand Prix de la compétition internationale.
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