« Dans la peau du légionnaire romain », sur Histoire TV : la morne vie de garde-frontière de l’Empire

HISTOIRE TV – JEUDI 14 NOVEMBRE – 20 H 50 – DOCUMENTAIRE

Ils sont fous ces Gaulois ! Les voilà qui revisitent la légende des légionnaires de la Rome antique, chers à Astérix et Obélix. Un étonnant voyage dans le temps et l’espace que ce film, qui n’a rien d’une BD et résonne parfois avec le monde d’aujourd’hui… Pierre-François Gaudry et Bernard Mathieu y retracent la vie quotidienne des soldats de l’Empire romain à son apogée. Ils imaginent les pérégrinations d’un jeune volontaire qui, en 194 après J.-C., sous le principat de Septime Sévère, s’engage dans la légion : « Le gage d’un statut prestigieux et d’un revenu assuré. »

Au cours des deux premiers siècles de notre ère, où règne la pax romana, les légionnaires sont surtout des gardes-frontières, répartis au long des 5 000 kilomètres du limes, la ligne jalonnée de forts qui, de l’Atlantique Nord jusqu’à la mer Rouge et la Méditerranée, était censée préserver l’Empire des incursions des barbares.

Au faîte de sa puissance, Rome consacrait plus de la moitié de ses ressources à son armée de métier, créée sous Auguste, le premier empereur. Autour des forts se développèrent des villes, où ces milliers d’« expats » retrouvaient leur mode de vie habituel (tavernes, thermes…). La solde annuelle faisait d’un légionnaire un consommateur CSP+ , dirait-on aujourd’hui. Une simple pièce de 10 sesterces permettait d’acheter 25 litres de bière. Et la solde annuelle d’un soldat était d’environ 1 200 sesterces, l’équivalent de 900 euros.

Le long du mur d’Hadrien

Faute de butin de guerre, l’arrêt des conquêtes va peu à peu tarir cette manne publique après le règne d’Hadrien (117-138). C’est justement le long du mur d’Hadrien, en Ecosse, que nous emmènent Pierre-François Gaudry et Bernard Mathieu : une muraille de près de 120 kilomètres traversant la Grande-Bretagne de la mer du Nord à la mer d’Irlande, construite en 120 après J.-C. − le plus long monument d’Europe, inscrit par l’Unesco au Patrimoine de l’humanité depuis 1987.

Une visite de l’ancienne garnison de Vindolanda, dans l’actuel Northumberland, permet de découvrir comment vivaient au quotidien les milites (« soldats »). Des milliers de petits objets banals retrouvés par les archéologues « humanisent totalement le soldat romain ». Ainsi de ce jouet en forme de souris, qu’un légionnaire avait dû fabriquer pour un enfant. A Lugdunum (Lyon), capitale de la province gallo-romaine, base arrière des conquêtes germaniques de Rome, les céramologues font « parler le moindre tesson de poterie ».

Des images de fiction reconstituent la vie de garnison. Elles permettent aussi de montrer comment, au fil des siècles, l’armée romaine, loin de l’image d’Epinal de « paysans incultes », est devenue « multiethnique ».