Amnesty International a dénoncé, jeudi 10 avril, le recours généralisé aux violences sexuelles par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) dans la guerre au Soudan, rapportant des cas d’esclaves sexuelles ou de viols en réunion. « Les FSR ont perpétré des violences sexuelles généralisées dans les villes et villages du Soudan dans le but d’humilier, asseoir leur pouvoir et déplacer les communautés », écrit l’ONG dans un nouveau rapport.
Les attaques des paramilitaires contre des femmes et des filles « sont répugnantes, honteuses et destinées à infliger une humiliation maximale », s’indigne Deprose Muchena, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International.
Le document d’une trentaine de pages, intitulé « Ils nous ont toutes violées », révèle les récits d’une trentaine de victimes, dont certaines sont des mineures, et de proches de victimes. Ces violences ont eu lieu entre avril 2023 et octobre 2024 dans quatre Etats du Soudan, notamment dans les régions de Darfour, Khartoum et Gezira, selon Amnesty International.
Depuis avril 2023, le Soudan est le théâtre d’une guerre qui oppose les FSR menées par le général Mohammed Hamdan Daglo dit « Hemetti » à l’armée dirigée par le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et déraciné 12 millions de personnes, plongeant le pays dans une crise humanitaire majeure, selon l’Organisation des nations unies.
Escalade des violences sexuelles
Les deux camps sont tous deux accusés d’avoir perpétré des crimes de guerre. L’agence onusienne et des ONG ont régulièrement dénoncé le recours au viol comme arme de guerre. Parmi les cas recensés, l’ONG a documenté le cas de deux esclaves sexuelles retenues captives à Khartoum et « violées quotidiennement » pendant plusieurs semaines – plus d’un mois pour l’une d’entre elles.
Une survivante de 34 ans du quartier de Jabra, enlevée par les FSR le 15 mai 2023, a raconté avoir été détenue pendant un mois et « violée presque quotidiennement ». « Ils m’ont libérée après trente jours quand je suis devenue très malade », a-t-elle déclaré.
Une autre victime, âgée de 27 ans, a été retenue en captivité pendant plusieurs jours dans un magasin près d’un poste de contrôle, après avoir été arrêtée et séparée de force de son mari. « Je pouvais entendre ma femme crier alors qu’ils la violaient tous les jours, mais je n’ai pas pu aider », a confié l’homme.
Selon Amnesty International, de nombreuses victimes ont déclaré que des FSR en uniforme les avaient violées, car ils les soupçonnaient d’être favorables à l’armée. Des professionnelles médicales ont confié que des FSR les violaient si elles ne parvenaient pas à sauver les soldats blessés.
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En octobre 2024, une mission d’enquête internationale indépendante de l’ONU pour le Soudan avait déjà signalé une escalade des violences sexuelles, « des viols, de l’exploitation sexuelle et des enlèvements à des fins sexuelles, ainsi que des allégations de mariages forcés et de traite d’êtres humains ». Les FSR avaient qualifié les conclusions de l’ONU de « propagande sur les réseaux sociaux ».