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En ces temps d’incertitude politique, le 44e festival Montpellier Danse, qui s’achèvera le 6 juillet, a invité, dimanche 23 juin, des chorégraphes et des experts en danse de pays gouvernés par l’extrême droite. Le chorégraphe Josef Nadj, formé à l’Ecole des beaux-arts de Budapest et qui a dirigé le Centre chorégraphique national d’Orléans de 1995 à 2016, avant d’établir sa compagnie à Paris, connaît bien le sort des danseurs hongrois. « Depuis que Viktor Orban est premier ministre, les subventions publiques accordées aux danseurs – considérés, à l’instar des comédiens, comme opposants au régime – ont dramatiquement fondu. Au point qu’il n’existe plus que deux alternatives pour les compagnies : arrêter de danser ou s’exiler », explique-t-il. Lui-même est fiché sur une liste noire en Hongrie et ses pièces, bannies.

Dans la même veine, Milena Dragicevic Sesic, ex-présidente de l’Université des arts de Belgrade, assure que les compagnies serbes opposées au régime s’exilent notamment en Suède. En Italie, depuis que Giorgia Meloni gouverne, les subsides accordés à la culture et à la danse se sont aussi étiolés, asséchant les finances du festival de danse RomaEuropa.

Lire aussi la chronique | Article réservé à nos abonnés « En Italie, Giorgia Meloni et son entourage n’ont aucun projet ni vision sur la culture, cherchant juste à occuper l’espace et à placer des pions »

Par ailleurs, Lili Chopra, qui a vécu vingt-cinq ans à New York avant d’être nommée conseillère artistique à Chaillot-Théâtre national de la danse, a rappelé les coupes sévères effectuées dans les aides publiques accordées à la culture sous Donald Trump. Avant de rappeler à quel point « la France bénéficie d’un modèle unique au monde dans la danse et apporte aussi un soutien très important aux artistes internationaux ».

« Les périodes de répétition se réduisent »

C’est précisément ce modèle si envié qui semble vaciller, faute d’une volonté publique claire et d’une remise à niveau financière des lieux soutenus par l’Etat. Les chorégraphes s’inquiètent. « La crise est particulièrement grave, beaucoup de compagnies n’arrivent plus à payer les cachets des danseurs. Bon nombre d’entre eux redoutent de ne plus pouvoir atteindre les heures nécessaires pour rester dans le système de l’intermittence », constate la chorégraphe Mathilde Monnier, qui a dirigé le Centre national de la danse de 2014 à 2019 avant de redevenir indépendante avec sa propre compagnie. « Pour les danseurs, les périodes de répétition se réduisent, ce qui sacrifie le temps accordé à la recherche et oblige à travailler très vite », témoigne-t-elle. En ajoutant que participer à des résidences « ne rapporte même plus d’argent mais permet le plus souvent juste de couvrir les frais de logement et de voyage ».

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