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Histoires Web lundi, juillet 8
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Il est une heure et quart du matin, vendredi 5 juillet, quand résonne dans la Cour d’honneur du Palais des papes : « Siamo tutti antifascisti ! » (« nous sommes tous antifascistes »). Deux mille personnes, dont bon nombre de jeunes, reprennent en chœur le slogan italien, en tapant dans leurs mains, les bras levés. La Nuit d’Avignon débute. Une nuit « d’union démocratique, de force, d’espoir, de barrage à l’extrême droite », résume sur scène Tiago Rodrigues. Jusqu’au lever du jour, le directeur du Festival sera le maître de cette cérémonie inédite – mêlant prises de parole et gestes artistiques –, réponse à un contexte politique historique.

Cette initiative, lancée par Tiago Rodrigues quelques heures après les résultats du premier tour des législatives, a été organisée avec l’appui de la municipalité d’Avignon, des collectivités territoriales qui soutiennent le Festival, des coordinateurs du « off » et de deux syndicats (la CGT-Spectacle et le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles). « Comme le dit le sociologue et philosophe Edgar Morin, il faut former des “oasis de fraternité”, cette nuit en est une », considère Françoise Nyssen, présidente du conseil d’administration du Festival d’Avignon. L’ancienne ministre de la culture (de mai 2017 à octobre 2018) du gouvernement d’Edouard Philippe n’en revient pas de se retrouver sur la scène de la Cour d’honneur. Elle succède à JoeyStarr, qui a lu un long extrait de Black-Label, de Léon-Gontran Damas, et à la comédienne Andréa Bescond (qui reprend cette année Les Chatouilles dans le « off »), venue rappeler que « le RN n’est pas une option ».

C’est Boris Charmatz et sa troupe de plusieurs dizaines de danseurs, dont bon nombre d’amateurs (parmi lesquels Laure Adler), qui ont ouvert cette Nuit au rythme du remix de You & Me par la fanfare techno Meute. « Le patrimoine c’est le Palais des papes et le Festival d’Avignon, l’un sans l’autre c’est mort. Nous avons un besoin vital de création et de patrimoine », a lancé le chorégraphe, artiste complice de cette 78ᵉ édition du Festival. Il en fallait de la danse et de la musique pour redonner espoir à un public combattant mais sonné par le risque de l’arrivée au pouvoir de le l’extrême droite. Toute l’assemblée a chanté On lâche rien, avec le groupe engagé HK et les Saltimbanks : « Tant qu’y a de la lutte y a de l’espoir/Tant qu’y a de la vie y a du combat (…) Maintenant tu sais pourquoi on se bat/Un autre monde on n’a pas l’choix. » Plus tard dans la nuit, la belle énergie de la compagnie franco-catalane Baro d’evel (programmée dans le Festival), et son chant de résistance – « parce que ça va mal, il faut sublimer sa vie » –, met comme du baume au cœur.

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