Jeunes, étudiants, scientifiques, militants, mères de famille… Ils étaient quelques centaines, dimanche 9 novembre, à se rassembler devant le célèbre monument India Gate, au cœur de New Delhi, la capitale indienne, pour crier leur ras-le-bol de la pollution atmosphérique et de la faillite des pouvoirs publics. La manifestation avait été interdite. Le sujet de la qualité de l’air est devenu trop sensible depuis que les réseaux sociaux ont révélé les tentatives du gouvernement de la ville de masquer les niveaux réels de pollution.
Longtemps l’hiver à Delhi fut une saison délicieuse. Les habitants l’attendaient après la touffeur sèche de mai et juin, puis la chaleur humide de la mousson de juillet et août. Ils pouvaient enfin profiter du soleil, se balader à toute heure dans les nombreux parcs de la capitale, dotés de riches vestiges moghols. Tout cela est fini.
La saison hivernale est désormais synonyme de pollution extrême. Dès le mois d’octobre, les feux allumés par les paysans du Pendjab et de l’Haryana pour se débarrasser de leurs résidus de récolte et passer vite aux semailles suivantes rabattent sur la ville d’intenses fumées âcres. La mégapole et ses trente millions d’habitants plongent dans un cauchemar toxique après la fête hindoue de Diwali, fin octobre, qui s’accompagne de millions de pétards. Cette année, comme les précédentes, les citadins se sont réveillés hagards, dans un brouillard de particules fines (PM2,5), malgré des indices de pollution plutôt rassurants.
L’opposition accuse la municipalité, dirigée par le Bharatiya Janata Party (BJP) – la formation de Narendra Modi –, d’avoir manipulé les données en pulvérisant de l’eau autour des stations de surveillance et en en neutralisant d’autres. Au lendemain de Diwali, vingt-huit des trente-neuf enregistreurs de la qualité de l’air de la capitale sont tombés en panne.
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