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Histoires Web lundi, avril 28
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L’atmosphère est suffocante au rez-de-chaussée de l’immeuble de la famille Al-Mansour. Dans l’appartement situé au cœur du quartier à majorité alaouite d’Al-Sabil à Homs, les lamentations des femmes se mêlent aux prières. Oum Mohamed est comme hantée. Ses grands yeux bleus perdus dans le vide, la quinquagénaire se balance d’avant en arrière. Elle raconte, telle une litanie, la tragédie qu’a connue sa famille. « Je voulais le voir une dernière fois mais je n’ai pas pu aller au cimetière », répète-t-elle.

Son mari, Ibrahim, un employé du ministère de la santé de 65 ans, a été retrouvé mort, le 4 avril 2025, à la morgue de l’hôpital Al-Waer, avec son frère Saïd, un ébéniste de 60 ans, les deux fils de ce dernier, âgés de 20 et 23 ans, étudiants à la faculté d’ingénierie, et un autre neveu, Hassan, un collégien de 14 ans. Les hommes de la famille les ont enterrés en catimini, empêchant les trois mères et épouses de les voir. « Ils ont été tués d’une balle dans la tête. On ne voulait pas qu’elles les voient », dit l’un d’eux, qui éclate en sanglots. Il refuse de donner son nom : « Je serai peut-être le prochain, vous savez. »

Les cinq tombes de la famille Al-Mansour sont alignées, l’une derrière l’autre, au cimetière Al-Ferdous. Autour, des sépultures de soldats de l’ancien régime et de familles alaouites ont été saccagées. Une femme brûle de l’encens et récite une prière. Abou Ali l’observe, les yeux rougis d’émotion. « Dans ce cimetière, il y a des familles entières qui ont été décimées par la haine », dit le vieux fossoyeur au keffieh rouge. Son collègue, Akram, désigne les dernières victimes : ici, deux morts de la famille Chadoud ; plus loin, quatre membres de la famille Mohamed ; là, cinq personnes de la famille Hassan et les deux commerçants tués devant leur boutique…

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