L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER
Les Enfants endormis. En 2022, Anthony Passeron publiait un beau premier roman d’enquête familiale (éd. Globe) autour de son oncle et de sa compagne atteints du VIH, dans l’arrière-pays niçois dans les années 1980, avant de transmettre le virus à leur fille, née avec la maladie. L’écrivain racontait la honte, le secret, la tragédie et mettait en lumière une catégorie d’infectés souvent relégués au second plan : les toxicomanes. Le titre du livre faisait ainsi référence à ces jeunes gens que l’on pouvait croiser gisant au sol les yeux fermés après avoir pris leur dose. Comme plongés dans un profond sommeil.
Difficile de ne pas y penser devant Alpha, le troisième long-métrage de Julia Ducournau, présenté en mai au Festival de Cannes. Situé dans une ville dystopique, le film a pour toile de fond un mystérieux virus jamais nommé qui, comme le sida, semble se propager par les liquides biologiques, notamment le sang, et transforme peu à peu ses victimes en statues de marbre. La réalisatrice n’a pas renoncé à son obsession pour les corps et ses mutations. Cette lente métamorphose vers une mort certaine est une des idées visuelles fortes d’un film sophistiqué qui ne rechigne devant aucun moyen pour jouer la carte du spectaculaire.
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