Plutôt que de « crier », la comédienne et metteuse en scène Julie Rossignol – qui a fondé sa compagnie, Le TOC (pour « Théâtre Objet Chose ») Théâtre, à La Rochelle, en 2019 – a préféré « créer ». A une lettre près, les deux verbes se ressemblent, comme elle (ou plus exactement son double théâtral, Rebecca) le souligne en préambule d’A la vie, à la mer, dont les premières représentations ont eu lieu en octobre 2024. Créer quoi ? Un seule-en-scène qui entrelace les voix de quatre femmes : Rebecca, la narratrice ; sa mère, Clémence, et son amie, Miranda ; et celle que tout le monde surnommait « la Vieille ». Julie Rossignol interprète à tour de rôle Rebecca, Miranda et « la Vieille ». Le personnage de la mère, Clémence, incarné sur le plateau par une immense horloge en bois, privée de son pendule, reste, quant à lui, symboliquement muet tout au long du spectacle.
On comprend, à demi-mot, que cette Clémence n’a pas eu une existence facile : une grossesse imprévue à 16 ans, une fugue du foyer familial à la suite de son refus d’avorter, un mariage arrangé avec un terre-neuvas, pêcheur reparti très vite en mer, au large de Saint-Pierre-et-Miquelon. Rebecca a donc grandi sans père, mais entourée de trois présences féminines dans un village au bord de la mer. De cette enfance maritime, la narratrice semble avoir gardé des souvenirs plutôt heureux, bercée par l’accent chantant et l’énergie solaire de Miranda, la présence silencieuse mais aimante de Clémence et les récits de la Vieille, en particulier la légende celtique des selkies, créatures imaginaires mi-femmes mi-phoques.
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