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Ecrivain, réalisateur, poète et militant écologiste, Cyril Dion participe vendredi 21 mars à une des « grandes assemblées » du Monde au festival Nos futurs, autour du thème « Environnement : faut-il faire peur, désobéir, donner envie ? », avec Pauline Boyer, Mathilde Caillard, Léna Lazare et Nabil Wakim.

Pour embarquer les gens dans l’action pour le climat, faut-il faire peur, désobéir, donner envie ?

Il faut donner du sens. Toutes les expériences que j’ai vécues, du film Demain à la convention citoyenne pour le climat, montrent que le premier levier du passage à l’action, c’est le sens. Personne ne se mobilise durablement par militantisme sacrificiel. On agit pour soi, pour ses enfants, pour son entourage… Le second levier, c’est de se dire que c’est possible. D’où l’importance des récits, de libérer l’imaginaire. Le film Demain a déclenché des centaines d’actions et aujourd’hui encore, chaque semaine, des gens me disent qu’ils ont changé de vie ou de métier après l’avoir vu. Montrer des tortues avec des pailles dans le nez, cela ne produit aucun impact. Montrer quelqu’un qui retire une paille du nez d’une tortue, ça donne envie d’agir. Les gens se disent, « c’est possible, je peux le faire ».

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Donc il ne suffit pas d’alerter, de confronter au réel ?

Non. C’est important mais cela ne suffit pas. Il faut proposer un horizon et des pistes pour que les gens participent à résoudre les problèmes. Une immense majorité d’entre eux a envie de bien faire. Je l’ai constaté lors de la convention citoyenne, puis au fil des plus de 200 conventions qui ont suivi. A chaque fois, ces assemblées citoyennes arrivent à des résultats plus ambitieux que les politiques. Mais pour que ces conventions aient de l’impact, il faut qu’elles participent à la décision. Il n’y a rien de pire que la fausse démocratie participative.

Pourquoi ce décalage entre les résultats des conventions et les décisions politiques ?

Parce que des intérêts économiques puissants sèment le doute sur la réalité du réchauffement climatique et sur le rôle de l’homme dans ce réchauffement… Nous sommes confrontés au lobbying de grandes entreprises, notamment les grands groupes pétroliers, sur tous les sujets. Pendant des décennies ils ont investi des milliards pour semer le doute sur la réalité du réchauffement climatique par exemple. C’est une sorte de puissante oligarchie qui prive citoyennes et citoyens de leur influence. Les 10 % les plus riches de l’élite économique dictent leurs décisions aux 90 % restant.

Lire aussi la tribune | Article réservé à nos abonnés Cyril Dion : « La convention citoyenne pour le climat a permis de mesurer à quel point la démocratie est un exercice exigeant »

La démocratie ne fonctionne-t-elle plus ?

Je crois profondément à la démocratie mais on ne peut pas la réduire au simple fait de voter. On voit bien que cela ne suffit pas. Il faut multiplier les instances démocratiques en utilisant d’autres outils tel que le jugement majoritaire, la délibération…

Comment percevez-vous la jeunesse actuelle ?

Je la crains plus désabusée que lorsque j’avais 20 ans. Elle a vu échouer beaucoup de stratégies. Elle s’est aussi endurcie – Gérald Darmanin ou Bruno Retailleau dirait qu’elle s’est « radicalisée » ! Malheureusement, le mouvement pour le climat reste assez désorganisé. Il manque d’une stratégie claire et de moyens à la hauteur de ses ambitions. Définir quelles victoires il veut remporter (législatives ? juridiques ? culturelles ?) et s’organiser pour y parvenir. En définissant un plan constitué d’une série de victoires atteignables.

Quelles ont été les ressorts de votre prise de conscience quand vous étiez jeune ?

Le sentiment de vivre dans une société carcérale. Je l’ai profondément ressenti dès l’âge de 15-16 ans. Je n’étais pas du tout heureux à l’école, je faisais tout pour m’échapper. J’ai commencé à écrire dès l’âge de 13 ans, j’ai cherché des formes d’expression artistique pour m’échapper, notamment la comédie… La question écologique est entrée dans ma vie un peu plus tard. Mais dès lors que j’ai mesuré l’ampleur de la catastrophe que nous étions en train de vivre, je me suis demandé pourquoi on ne faisait rien. Ça me rendait fou. Ça n’a pas cessé.

La « grande assemblée » consacrée au thème « Environnement : faut-il faire peur, désobéir, donner envie ? » a lieu vendredi 21 mars de 18 h 30 à 20 heures à l’auditorium des Champs libres (10, cours des Alliés, 35000 Rennes​). Entrée libre.
L’intégralité du (riche) programme du festival Nos futurs est accessible en suivant ce lien.

Cet article fait partie d’un dossier réalisé dans le cadre d’un partenariat avec les Champs libres et Rennes Métropole.

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