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Après la mort, mardi 15 octobre à Paris, d’un cycliste renversé par un automobiliste, Alexis Frémeaux, président de l’association parisienne Mieux se déplacer à bicyclette (MDB) et coprésident de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), prend la parole.

Comment qualifiez-vous cet événement ?

D’après les faits rapportés, ce n’est pas un accident. Le conducteur du SUV semble avoir délibérément décidé d’écraser le cycliste. Il s’agirait donc d’un meurtre.

Quelle a été votre réaction, en tant que responsable associatif, quand vous avez appris cette nouvelle ?

Avec d’autres militants, nous nous sommes réunis mercredi midi à la Maison du vélo de Paris, en état de choc, d’autant que la victime était un membre très engagé de l’association Paris en selle. Nous avons appelé à un rassemblement le soir même place de la Madeleine, non loin du lieu où le drame s’est produit.

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Un tel drame s’est-il déjà produit en France ?

Les adhérents de la FUB rapportent plusieurs cas similaires, même si cela ne s’est pas traduit par le décès de la victime. Par ailleurs, lorsqu’un accident se produit, que le cycliste est décédé et qu’aucun témoin ne se manifeste, il est difficile de déterminer comment les faits se sont déroulés exactement.

L’association MDB a lancé sur le réseau X un appel à témoigner des violences routières. Que retenez-vous des réponses apportées ?

Nous avons reçu près de 150 témoignages, de toute la France et d’ailleurs. Cette affaire provoque une grande émotion parmi les personnes qui se déplacent à vélo. Chacun semble avoir une histoire à raconter : des personnes qui circulaient à vélo ou à pied, et qui ont subi des coups de klaxon, des violences verbales ou physiques, des menaces de coups ou de mort, des embardées destinées à les déstabiliser. Des gens racontent qu’ils ont dû se protéger, fuir ou se cacher. J’observe que, souvent, les auteurs de ces faits sont des automobilistes ou des motards qui n’acceptent pas d’être ralentis, ni de dévier de leur trajectoire. Et ils admettent encore moins qu’on leur fasse la remarque. Je constate aussi que ce sont quasiment tous des hommes.

Lors des accidents de la route impliquant des vélos ou des trottinettes, certains commentaires donnent parfois l’impression que les victimes sont responsables de ce qui leur arrive. Faites-vous ce constat ?

La société accepte davantage la violence lorsqu’elle est routière. On trouve des excuses à l’auteur des faits : ce n’était pas volontaire, il était pressé, etc. Il y a quelques années, une célébrité [Michel Sardou, en novembre 2022] a pu dire à la télévision, à propos des cyclistes, « le prochain, je me le fais », sans susciter de réaction du présentateur. Je constate que de nombreux hommes politiques ou éditorialistes remettent en cause les mesures de sécurité routière, comme ce fut le cas en 2018 lors de la limitation à 80 km/h de la vitesse sur les routes.

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