Culturebox met à l’honneur le rap marseillais de SCH

CULTUREBOX – LUNDI 14 OCTOBRE À 21 HEURES – CONCERT

C’est bon de retrouver SCH, rappeur marseillais, dans les pages culture d’un journal et non dans celles des faits divers. Le lundi 14 octobre, la chaîne de la TNT Culturebox consacre une soirée en prime time à cet artiste, le surdoué de sa génération, avec la diffusion de son concert de deux heures au Stade Vélodrome de Marseille, le 22 juillet 2023. Une prestation qui lui a valu le trophée du meilleur concert de l’année lors des Flammes, en avril, cérémonie qui récompense les artistes du rap et de ses variantes musicales (R&B, dancehall, afrobeat). Le show huilé et maîtrisé du rappeur lors de sa tournée « Decennium » sera suivi de l’émission « Planète Rap » de Skyrock, diffusée d’ordinaire sur France Télévisions.

De son vrai nom Julien Schwarzer, 31 ans, le rappeur a réussi, en dix ans et huit albums, à imposer son style : une narration cinématographique, une poésie sombre et un goût très prononcé pour la mode et l’image. Sa fascination pour les mafieux italiens, corses ou marseillais l’a conduit, dans ses disques, à utiliser la voix française d’Al Pacino (celle de José Luccioni), dont les films Scarface (1983), de Brian De Palma, et L’Associé du diable (1997), de Taylor Hackford, ont bercé son adolescence.

Trentenaire sympathique

De sa passion pour les films de gangsters, SCH a créé un personnage, JVLIVS, soit un jeune mafieux méditerranéen dont il décrit la vie dans une trilogie qui le mène de Marseille à Gibraltar. Lors de la promotion du dernier volet de cette trilogie, Prequel, la fiction va rejoindre la réalité.

Le 26 août au matin, à la sortie d’une discothèque de La Grande-Motte (Hérault), son minibus était pris pour cible par des hommes armés. Un de ses agents de sécurité est mort sous les balles, son chauffeur grièvement blessé. Heureusement pour lui, l’artiste n’était pas monté dans le véhicule. L’enquête est aujourd’hui en cours et le rappeur, endeuillé, se fait discret.

Le concert et l’émission, diffusés ce lundi, ont été enregistrés antérieurement à cet événement et les téléspectateurs peuvent alors découvrir un trentenaire sympathique qui explique son amour pour le cinéma, la mode, le film 8 Mile (2002), de Curtis Hanson, qui racontait les débuts du rappeur américain Eminem, et qui a déclenché chez le Marseillais cette envie folle de faire de la musique, lui, le fils d’une infirmière et d’un chauffeur routier, habitant à Aubagne (Bouches-du-Rhône).

Pour le décor de l’émission enregistrée dans les locaux de la radio Skyrock, le présentateur Fred Musa se transforme en Don Fredo, façon Le Parrain, il a sorti les chandeliers, les verres en cristal et le manteau de fourrure. Il sert les fameux cannelloni dont SCH livre la recette dans son disque et donne du « mon gâté » au rappeur, qui a popularisé l’expression marseillaise dans ses interviews ou dans le tremplin rap Nouvelle Ecole, diffusé sur Netflix, et dont il est l’un des membres du jury.

Dans une des archives, on découvre SCH à 16 ans, tout minot et la bouille ronde, rapper ses premiers textes, loin de l’image « chic gothique » qu’il développera dès sa première mixtape, A7 (2015), dont la pochette rappelle l’un des personnages du film Blow (2001), de Ted Demme. Il y présentera les thèmes récurrents de sa carrière : « La mort, le temps, la trahison, la violence, la précarité, cette volonté d’ascension sociale, la revanche sur la vie qu’a menée mon père », confie-t-il à Fred Musa. Univers sombre qu’il met très bien en scène au Vélodrome, dans une captation du concert particulièrement bien réalisée.