Meilleures Actions
Histoires Web mardi, janvier 7
Bulletin

Depuis plusieurs jours, la Corée du Sud vit suspendue à l’hypothétique arrestation du président Yoon Suk Yeol. Et cela devrait durer plus que prévu. A quelques heures de l’expiration du mandat d’arrêt contre le chef de l’Etat, destitué de ses fonctions après avoir tenté d’imposer la loi martiale dans le pays, le Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO) a annoncé, lundi 6 janvier, qu’il allait en demander la prolongation, faute d’avoir pu appréhender M. Yoon dans les temps.

Le mandat d’arrêt délivré le 31 décembre par un tribunal de Séoul expire lundi soir à minuit (16 heures à Paris). « Nous comptons demander une prolongation aujourd’hui, ce qui nécessite d’indiquer les raisons du dépassement du délai standard de sept jours », a déclaré à la presse le directeur adjoint du CIO, Lee Jae-seung.

Vendredi, les enquêteurs du CIO et les forces spéciales de la police étaient entrés dans la résidence du président pour l’appréhender. Mais ils s’étaient heurtés à une unité de l’armée et à des agents du Service de sécurité présidentiel (PSS) en nombre deux fois supérieur, et avaient battu en retraite, bredouilles, après près de six heures de face-à-face tendu. Le chef du PSS a averti qu’il ne laisserait pas faire toute nouvelle tentative d’arrestation de M. Yoon.

M. Lee a fait savoir que le CIO avait envoyé, samedi, une lettre au président par intérim Choi Sang-mok « pour exiger la coopération du Service de sécurité présidentiel au sujet du mandat ». « Mais nous n’avons pas reçu de réponse », a-t-il déploré.

Des rassemblements autour de la résidence du président

Ancien procureur vedette élu en 2022, Yoon Suk yeol, a été destitué par l’Assemblée nationale le 14 décembre. Il est visé par une enquête pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort, pour avoir instauré par surprise la loi martiale le 3 décembre et envoyé l’armée au Parlement pour le museler, avant de faire marche arrière peu après sous la pression des députés et de milliers de manifestants prodémocratie.

Lundi, comme tous les jours depuis le 31 décembre, des centaines de partisans inconditionnels du président destitué sont présents, dans la brume, à proximité de son domicile, prêts à en découdre en cas de nouvelle tentative d’arrestation. Ils sont surveillés par de nombreux policiers, ont vu des journalistes de l’Agence France-Presse sur place.

« Le Service de sécurité présidentiel protégera le président, et nous protégerons le Service de sécurité présidentiel jusqu’à minuit. S’ils obtiennent un nouveau mandat d’arrêt, nous reviendrons », affirme un des organisateurs du rassemblement, Kim Soo-yong, 62 ans.

Une trentaine de députés du Parti du pouvoir au peuple (PPP), la formation de droite de M. Yoon, sont arrivés à l’aube à la résidence présidentielle, près de laquelle manifestent également des détracteurs du président démis. « Le CIO est une des agences les plus incompétentes que j’aie jamais vue. Je suis ici depuis plus longtemps que le CIO. Cela n’a pas de sens qu’ils ne puissent pas le faire. Ils doivent l’arrêter immédiatement », s’énerve l’une de ces manifestantes, trentenaire, Kim Ah-young

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En Corée du Sud, la garde présidentielle empêche l’arrestation du président Yoon Suk Yeol

Ce psychodrame se déroule au moment où le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken est à Séoul, première étape d’une tournée d’adieu qui l’emmènera aussi au Japon et en France. Son programme ne prévoit aucune rencontre avec M. Yoon, mais il s’entretiendra avec le président par intérim et ministre des finances, Choi Sang-mok.

Trois citations à comparaître ignorées

Si les enquêteurs demandent bien la prolongation du mandat d’arrêt, elle leur sera probablement accordée pour les mêmes raisons que la première fois, à savoir que le président a ignoré à trois reprises des citations à comparaître pour interrogatoire devant le CIO. Les avocats de M. Yoon soutiennent, eux, que le mandat d’arrêt est « invalide et illégal ». Leur recours contre ce mandat a été rejeté par un tribunal de Séoul, mais ils ont manifesté leur intention de faire appel.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « Il est impossible d’ignorer les similitudes entre les contextes politiques sud-coréens et français »

Le chef du service de sécurité présidentiel, Park Jong-jun, a invoqué dimanche cet argument pour justifier son refus de laisser arrêter M. Yoon. « L’exécution d’un mandat d’arrêt dont la régularité procédurale et juridique fait l’objet de contestations compromet la mission fondamentale du PSS, qui est d’assurer la sécurité absolue du président. Répondre à une telle situation reviendrait à abandonner notre devoir », a-t-il écrit dans un communiqué, alors que les détracteurs de M. Yoon accusent son service d’être devenu une « milice privée » du président. Dimanche, Yoon Kab-keun, l’un des avocats du président, a par ailleurs annoncé le dépôt d’une plainte contre le chef du CIO.

Le Monde Mémorable

Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »

Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »

Découvrir

La Cour constitutionnelle de Corée du Sud, qui a jusqu’à mi-juin pour confirmer ou infirmer la destitution de M. Yoon, a annoncé que les audiences commenceraient le 14 janvier. En attendant, M. Yoon, suspendu, reste officiellement le président du pays.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Le souvenir du massacre de Gwangju au cœur de la mobilisation contre la loi martiale en Corée du Sud

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.