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Histoires Web vendredi, janvier 3
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Livre. Dans nos sociétés, les débats d’idées semblent omniprésents et adoptent des formes variées : débat télévisé, délibération parlementaire, discussion politique informelle entre amis… Pour autant, débat-on vraiment ? Il est souvent difficile d’échanger sereinement dans un monde fracturé : droite contre gauche, conservateurs contre progressistes, citadins contre ruraux, boomeurs contre milléniaux, brexiters contre remainers, républicains contre démocrates, souverainistes contre europhiles, wokes contre antiwokes, etc.

« On ne se parle plus, on se confronte » : tel est le constat amer dressé par le philosophe Antoine Vuille dans Contre la culture du clash. Débat d’idées et démocratie (Eliott éditions, 176 pages, 15 euros). Il suffit d’allumer sa télévision ou d’arpenter les réseaux sociaux pour se convaincre du bien-fondé de son analyse. Pour qualifier ce phénomène, le philosophe utilise l’expression de « culture du clash » : un climat social marqué par la polarisation politique et l’absence de dialogue où les désaccords ne se règlent pas par la confrontation d’arguments mais par le rapport de force, la caricature et les attaques ad hominem.

Antoine Vuille invite à remettre l’argumentation au centre du jeu : son petit manuel est rempli de conseils destinés à améliorer la qualité du débat. « Qu’est-ce qu’un argument ? », se demande-t-il. « Comment distinguer un bon d’un mauvais argument ? », « Quelle est la particularité des arguments mobilisés en politique ? » Pour répondre à toutes ces questions, l’auteur décortique le fonctionnement des arguments et leur structure logique.

Vice dialectique

Le philosophe identifie deux attitudes hostiles au dialogue : le relativisme (tous les avis se valent) et le dogmatisme (j’ai raison, tous les autres ont tort). Dans les deux cas, le débat est mort : inutile de justifier ses idées. Il faut également se méfier, écrit le philosophe, des biais cognitifs, au premier rang desquels, le biais de confirmation, qui consiste à donner plus de poids aux informations allant dans notre sens. Autre vice dialectique majeur : la mauvaise foi, sorte de mensonge que l’on se fait à soi-même. A l’opposé, l’ouverture d’esprit, l’honnêteté intellectuelle, la capacité à se remettre en question sont des attitudes favorables au débat.

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