Les socialistes ont voté une première fois, mardi 27 mai, pour choisir leur nouveau premier secrétaire, entre le sortant Olivier Faure et ses concurrents, Nicolas Mayer-Rossignol, le maire de Rouen, et Boris Vallaud, le chef des députés socialistes.
Selon des résultats provisoires communiqués par leurs entourages dans la nuit de mardi à mercredi, Olivier Faure annonce être légèrement en tête avec près de 42 % des voix contre 40 % pour Nicolas Mayer-Rossignol, qui évoque, de son côté, un résultat plus serré (41 % à 41 %) au premier tour du congrès du Parti socialiste (PS).
Les deux hommes devraient donc être opposés au second tour pour prendre la tête du parti. Arrivé en troisième position, Boris Vallaud, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, serait, lui, éliminé. Selon ses proches, il aurait réuni entre 18 % et 20 % des voix. Les résultats définitifs seront communiqués mercredi à l’issue d’une commission de récolement.
23 000 votants
Quelque 40 000 adhérents pouvaient voter pour ce premier tour, mardi entre 17 heures et 22 heures dans les locaux des sections, afin de choisir le prochain texte d’orientation du parti.
L’entourage d’Olivier Faure estime que l’écart avec Nicolas Mayer-Rossignol pourrait approcher les 500 voix, pour une participation autour de 23 000 votants. Les proches de Nicolas Mayer-Rossignol évoquent eux un écart de « quelques voix ».
« Nous sommes satisfaits que plus de 60 % des militants socialistes se soient prononcés sur une ligne stratégique claire de rassemblement de la gauche et des Ecologistes », s’est félicité l’entourage d’Olivier Faure, en additionnant les voix du premier secrétaire et de Boris Vallaud.
Les deux candidats seront départagés lors d’un nouveau vote le 5 juin, avant un congrès prévu du 13 au 15 juin à Nancy. Au cœur des débats se trouve la stratégie pour la présidentielle de 2027.
« Gestion clanique »
Les résultats définitifs pourraient faire l’objet d’accusations de tricheries, comme cela avait été le cas en 2023 à Marseille, où elles avaient abîmé l’image du parti. « Il est hors de question que 300 voix nous séparent de la victoire », a déclaré, avant le vote, la cheffe de la fédération socialiste de Paris, Lamia El Aaraje, proche de Nicolas Mayer-Rossignol, lequel n’avait jamais accepté sa défaite, sur un fil.
Olivier Faure, à la tête du Parti socialiste (PS) depuis 2018, défend l’union de la gauche non mélenchoniste pour la présidentielle de 2027, avec une plateforme programmatique allant du leader de Place publique, Raphaël Glucksmann, à l’ex-député La France insoumise François Ruffin, en vue d’une candidature commune. « Je ne nous pardonnerai pas d’avoir, par notre division, déroulé le tapis rouge à l’extrême droite », a-t-il expliqué, en appelant les militants à la « continuité » d’une ligne qui a remis le PS « au cœur de la gauche ».
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Mais le camp de Nicolas Mayer-Rossignol reproche à celui qui a été l’un des artisans des accords de gauche Nupes en 2022 et Nouveau Front populaire en 2024 de faire preuve d’« ambiguïté » vis-à-vis de Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise, avec qui il a pourtant pris ses distances depuis plusieurs mois. Il l’accuse d’« une gestion clanique » et d’un manque de travail dans le parti.
Le maire de Rouen défend, de son côté, « l’affirmation socialiste » et prône la création d’un grand Parti socialiste – qu’il qualifie de « GPS » –, agrégeant « ceux qui sont au PS et ceux qui sont à l’extérieur », comme Raphaël Glucksmann, Benoît Hamon ou Bernard Cazeneuve. De cette confédération émergera un candidat social-démocrate en vue de 2027, estime-t-il, jugeant prématuré de parler primaire et préférant se concentrer d’abord sur les municipales.
Faiseur de roi
Les partisans d’Olivier Faure répondent que Nicolas Mayer-Rossignol a rassemblé autour de lui une coalition disparate de tous les « anti-Faure », de la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, à la présidente d’Occitanie, Carole Delga, en passant par le député de l’Eure, Philippe Brun, et le maire de Saint-Ouen, Karim Bouamrane. Et ils prédisent, si le maire de Rouen gagne le congrès, une candidature de l’ex-président François Hollande en 2027.
Le troisième homme du congrès, Boris Vallaud, a également critiqué l’absence de travail et la « division » du parti sous l’ère Faure. L’ancien allié du premier secrétaire se voulait le candidat de « la réconciliation » et de « la doctrine ». Il a notamment développé le concept de « démarchandisation » de la société, et a lancé un institut de formation et un média interne.
Il pourrait se retrouver en position de faiseur de roi au second tour. « Il n’y a plus de majorité sans Boris Vallaud », a souligné son entourage, mardi soir, précisant qu’il réunirait ses troupes « dans les heures qui viennent ».
Le reste de la gauche surveille avec attention ce congrès. La cheffe des Ecologistes, Marine Tondelier, ou François Ruffin, favorables à l’union de la gauche en 2027, appellent de leurs vœux la victoire d’Olivier Faure. A l’inverse, Raphaël Glucksmann, qui vient de refuser dans un entretien au Monde toute idée de primaire – écartant de fait la proposition d’Olivier Faure –, penche pour une victoire de M. Mayer-Rossignol.