Les quelque 40 000 adhérents du Parti socialiste (PS) sont appelés à trancher, jeudi 5 juin, le duel incertain entre les deux prétendants au poste de premier secrétaire, Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol. Le premier part légèrement favori depuis que Boris Vallaud, le troisième homme et chef des députés socialistes, a fait savoir qu’il voterait à titre personnel pour lui. Le vote a lieu dans les sections de 17 heures à 22 heures, pour un résultat attendu tard dans la nuit. Une commission de récolement validera le scrutin vendredi.
Il y a deux ans, le congrès à Marseille avait fracturé le parti à la rose entre les pro et les anti-Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale). Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol se retrouvent pour un nouveau duel.
L’incertitude demeure mais le député de Seine-et-Marne Olivier Faure, qui tient les rênes du parti depuis 2018, est arrivé en tête du premier tour (42,21 %) devant le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol (40,38 %). Au premier tour, 24 701 militants avaient voté.
Olivier Faure – partisan d’une large union de la gauche non-mélenchoniste pour la présidentielle de 2027, du dirigeant de Place publique Raphaël Glucksmann à l’ancien député La France insoumise François Ruffin, en vue d’une candidature commune – bénéficie du soutien du chef de file des députés PS, Boris Vallaud.
Vallaud dit avoir obtenu « des engagements fermes » de Faure
Le député des Landes a obtenu 17,41 % des voix la semaine dernière. Il n’a pas, pour ce second tour, donné de consigne de vote à ses troupes. Et il a prévenu, dans un entretien accordé au Monde, que son choix n’était « ni un chèque en blanc ni une ardoise magique » pour Olivier Faure, qu’il soutenait pourtant en 2023, mais à qui il reproche un manque de travail interne et la division du parti. Boris Vallaud dit avoir obtenu « des engagements fermes » du premier secrétaire pour remettre le parti au travail, instaurer une gouvernance élargie et reprendre plusieurs de ses propositions, comme la création d’un institut de formation.
Lors d’un dernier meeting numérique mardi soir, Olivier Faure a dit craindre « la démobilisation », appelant ses partisans à « continuer de convaincre » les militants. Pour la députée Dieynaba Diop, une de ses proches, « il faut que ce soit tranché de manière nette, pour qu’il n’y ait pas de contestation possible », comme ce fut le cas à Marseille, où les deux camps se sont déchirés pendant plusieurs jours, sur fond d’accusations de fraude.
Accusation de gestion « clanique » du PS
Nicolas Mayer-Rossignol assure, lui, que le résultat sera « serré », appelant les militants qui n’ont pas voté au premier tour à se mobiliser pour « le changement ». Celui qui déplore dans Le Parisien un PS « exsangue », prône pour 2027 « un grand parti socialiste » réunissant les socialistes et ceux qui gravitent autour, comme Raphaël Glucksmann ou Bernard Cazeneuve.
Le maire de Rouen a rassemblé autour de lui une coalition d’anti-Faure – il récuse ce terme –, de la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy à la présidente d’Occitanie Carole Delga, en passant par le député de l’Eure Philippe Brun et le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane. Tous accusent Olivier Faure d’une gestion « clanique » du parti, et d’« ambiguïté » vis-à-vis de Jean-Luc Mélenchon et des « insoumis », même si le premier secrétaire sortant s’est détaché depuis plusieurs mois de celui avec qui il avait fait alliance en 2022 avec la Nupes et en 2024 avec le Nouveau Front populaire (NFP).
Newsletter
« Politique »
Chaque semaine, « Le Monde » analyse pour vous les enjeux de l’actualité politique
S’inscrire
« Je n’ai aucun regret sur ce que nous avons fait », a répondu Olivier Faure mardi soir, soulignant que lorsque le NFP est arrivé en tête des législatives anticipées en 2024, « Nicolas Mayer-Rossignol ne le considérait pas comme une ineptie ».
Son rival lui reproche aussi de se servir du congrès comme d’un tremplin pour la présidentielle. « Ce congrès n’a pas vocation à désigner un candidat pour 2027 », répond Olivier Faure. Même si certains de ses proches l’imaginent déjà candidat.