La bataille des chiffres et des déclarations a commencé au Congrès du Parti socialiste (PS), à l’issue du deuxième tour. Le camp du premier secrétaire sortant, Olivier Faure, a affirmé, dans la nuit du jeudi 5 au vendredi 6 juin, être en tête du vote des militants, selon des résultats provisoires, face à son concurrent Nicolas Mayer-Rossignol, qui estime qu’il est trop tôt pour se prononcer.
L’entourage d’Olivier Faure évoque un score d’environ 52 % à son avantage, avec un écart de près de 500 voix, non rattrapables selon eux, tandis que les proches du maire de Rouen annoncent un écart « de moins de un point », et « un score de 50/50 ».
« À cette heure, la victoire d’Olivier Faure ne peut plus être contestée », assure l’entourage d’Olivier Faure dans un communiqué publié vers 1 h 15. « Ce qu’a communiqué la direction n’a rien à voir avec la réalité », a répondu l’ancien sénateur David Assouline, proche de Nicolas Mayer-Rossignol, affirmant qu’il y avait « une très belle remontée de Nicolas Mayer-Rossignol », par rapport au premier tour.
Soutien personnel de Boris Vallaud à Olivier Faure
De 17 heures à 22 heures, jeudi, les quelque 40 000 adhérents du PS étaient appelés à trancher pour élire le numéro un de la formation de gauche entre Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol, comme en 2023. Une commission de récolement, destinée à valider les résultats, a commencé dans la nuit entre des membres des différents camps. Des chiffres définitifs sont attendus dans la journée de vendredi.
Le député de Seine-et-Marne, Olivier Faure, est arrivé en tête du premier tour (42,21 %) devant le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol (40,38 %). Au premier tour, 24 701 militants avaient voté. Le premier secrétaire sortant est partisan d’une large union de la gauche non-mélenchoniste pour la présidentielle de 2027, du dirigeant de Place publique Raphaël Glucksmann à l’ancien député La France insoumise François Ruffin, en vue d’une candidature commune.
Il avait bénéficié du soutien personnel du chef de file des députés socialistes, Boris Vallaud – troisième du premier tour avec 17,41 % des voix –, qui n’avait cependant pas donné de consigne de vote à ses troupes, dans un entretien au Monde. Boris Vallaud reproche à celui qui tient les rênes du parti depuis 2018 un manque de travail interne et la division du parti.
Le député des Landes dit avoir obtenu « des engagements fermes » du premier secrétaire pour remettre le parti au travail, instaurer une gouvernance élargie et reprendre plusieurs de ses propositions, comme la création d’un institut de formation.
Gestion « clanique »
« Boris Vallaud disait qu’il voulait le changement, et il choisit Faure. Où est la cohérence ? », s’est interrogé un opposant au premier secrétaire. Nicolas Mayer-Rossignol avait rassemblé autour de lui une coalition d’anti-Faure – il récuse ce terme –, de la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy à la présidente d’Occitanie Carole Delga, en passant par le député de l’Eure Philippe Brun et le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane.
Tous accusent Olivier Faure d’une gestion « clanique » du parti, et d’« ambiguïté » vis-à-vis de Jean-Luc Mélenchon et des « insoumis », même si le premier secrétaire sortant s’est détaché depuis plusieurs mois de celui avec qui il avait fait alliance en 2022 avec la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) en 2024 avec le Nouveau Front populaire (NFP).
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Le maire de Rouen a appelé les militants qui n’avaient pas voté au premier tour à se mobiliser pour « le changement ». Celui qui a déploré dans Le Parisien un PS « exsangue », prône pour 2027 « un grand parti socialiste » réunissant les socialistes et ceux qui gravitent autour, comme Raphaël Glucksmann ou Bernard Cazeneuve.
Il y a deux ans, le congrès à Marseille avait fracturé le parti à la rose sur fond d’accusations de fraude lors du vote entre les deux candidats.