Quatre hommes ont été condamnés, mercredi 15 janvier, à Paris, à des amendes pour provocation à la haine et injures publiques à l’encontre du chanteur Bilal Hassani qui avait annoncé se produire en concert dans une ancienne église en avril 2023, mais y avait finalement renoncé.
Au total, cinq hommes ont été jugés dans ce dossier en novembre devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Un blogueur a été jugé coupable de « provocation publique à la haine ou la violence en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre », et condamné à 60 jours-amendes de 50 euros chacun, soit à 3 000 euros. Un autre inculpé, également poursuivi pour provocation publique aggravée, a été condamné à une amende de 1 500 € avec sursis et devra suivre un stage de citoyenneté de cinq jours. Deux autres hommes, jugés coupables d’injure publique, ont eux été condamnés à 1 000 euros d’amende avec sursis. Le dernier prévenu a pour sa part été relaxé pour des raisons procédurales.
Les quatre hommes condamnés devront également verser entre 400 et 800 euros à l’artiste au titre des dommages et intérêts.
« Nous sommes très contents qu’une culpabilité ait été reconnue, c’est un symbole très important », a déclaré, à l’Agence France-Presse, Clara Steg, avocate de Bilal Hassani. « Le tribunal a très bien compris qu’on n’était pas dans le cadre de la liberté d’expression mais dans celui d’appels à la haine », a-t-elle ajouté, soulignant que cette affaire avait eu un « retentissement psychologique très important » sur Bilal Hassani.
Une église désacralisée depuis 500 ans
Les faits reprochés remontent à avril 2023, alors que le chanteur, porte-drapeau revendiqué de la communauté LGBT, devait se produire en concert dans une ancienne église de Metz, la basilique Saint-Pierre-aux-Nonnains, désacralisée depuis 500 ans. Cette annonce avait suscité une vague de haine, sur les réseaux sociaux en particulier.
Sur le réseau social X, un des prévenus avait appelé « cette bande de dégénérés » à « laisser nos églises tranquilles » tandis qu’un autre préconisait de « les brûler ». Un autre encore avait traité l’artiste de « travelo marocain » et disait l’imaginer « se faire lapider ». Dans une vidéo publiée sur YouTube, un autre prévenu appelait « à des comportements violents », selon le parquet.
Opposé à ce concert, le collectif Lorraine catholique avait hurlé à la « profanation », en pleine semaine sainte, dans un message sur son blog. Soutenu par Civitas, il avait appelé à une prière de réparation avant le concert, devant l’ancienne église.
Face à ces menaces, Live Nation, producteur de la tournée de Bilal Hassani, avait décidé d’annuler le spectacle prévu le 5 avril 2023. Le 28 avril, le chanteur avait déposé plainte auprès du procureur de Metz.