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A 9 ans, Sarah (qui, comme d’autres personnes interrogées, a requis l’anonymat) voit un filet de sang couler sur ses cuisses et rosir l’eau de la douche. Paniquée, elle appelle sa mère, qui lui tend une serviette hygiénique : « Tu es devenue une femme maintenant ! », lui lance cette dernière. Sarah ignore alors tout de ce que sont les règles. « J’ai cru que j’étais en train de mourir », se remémore-t-elle, quatorze ans plus tard.
Sur le moment, son père lui explique simplement que c’est un phénomène naturel et lui montre comment placer la protection intime sur une culotte. Dans la foulée, ses parents partent en voyage, et des amies à eux la gardent. « Elles m’ont dit que c’était beaucoup trop tôt et que je ne devais pas en parler à mes copines qui ne comprendraient pas. » Désormais étudiante, elle se souvient de sa détresse à ce moment-là : « J’étais encore une écolière, et on m’annonçait que je devenais une femme. C’était très dérangeant. »
Le cas de Sarah n’est pas isolé. Selon une étude de l’Institut national d’études démographiques (INED), l’âge moyen des premières règles en France, estimé à 12,6 ans en 1994, n’a cessé d’avancer : il frôlait les 16 ans au XVIIIᵉ siècle. En 2023, l’association Règles élémentaires, dans une enquête menée avec OpinionWay, affine encore ce chiffre à 12,2 ans. Cette baisse s’explique par une nourriture plus abondante et plus variée qui stimule la croissance, rappelle Elise de La Rochebrochard, directrice de recherche à l’INED.
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