« Comment torpiller l’écriture des femmes » (How to Suppress Women’s Writing), de Joanna Russ, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Cécile Hermellin, Zones, 216 p., 19 €, numérique 15 €.
Paru en 1983 aux Etats-Unis, et devenu depuis un classique de la pensée féministe, Comment torpiller l’écriture des femmes n’avait pourtant encore jamais été traduit en français. Joanna Russ (1937-2011) – particulièrement connue pour ses romans de science-fiction, tels L’Humanité-femme (Mnémos, 2023) et Protocole solitude (Cambourakis, 2024) – s’y attache à repérer et analyser les multiples procédés d’empêchement, de dénigrement et d’effacement de l’écriture des femmes qui, s’ils se distinguent d’une censure frontale, n’en restent pas moins efficaces.
Parcourant la littérature anglo-saxonne du XVIIIe au XXe siècle, elle affirme que « la plus répandue et la plus difficile à contrer » de ces techniques a toujours consisté « à ignorer les œuvres et les personnes qui les créent ». Mais, au-delà de ce mépris, elle met surtout en lumière les différentes étapes de ce processus de marginalisation. Elle relève ainsi qu’elles sont privées du temps de création nécessaire – notamment par le travail domestique et l’éducation des enfants. Il n’est d’ailleurs, selon elle, « peut-être pas fortuit » que George Eliot ou les sœurs Brontë (XIXe siècle), n’aient pas été mères.
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