Poser une question à ChatGPT ou se transformer, le temps d’un selfie, en un personnage de dessin animé a une conséquence physique bien réelle : ces nouveaux usages engendrent de massifs calculs informatiques et font littéralement chauffer des data centers. Alors qu’une disposition légale européenne oblige, à partir du 1er octobre, les grands centres – de puissance installée supérieure ou égale à 1 million de watts – à valoriser la chaleur dite « fatale » (émise en pure perte) qu’ils génèrent, des chercheurs américains ont imaginé une parade : récupérer cette chaleur d’environ 50 °C, y ajouter celle de panneaux solaires thermiques, puis faire fonctionner un ORC (cycle organique de Rankine) adossé au data center, afin de transformer le tout en électricité. Celle-ci serait alors réutilisée sur place.
« Ce projet est né de l’explosion mondiale du nombre de centres de données et de leur demande énergétique », raconte Laura Schaefer, dont le laboratoire à l’université Rice, à Houston (Texas), est spécialisé dans les défis posés par les systèmes énergétiques. D’un côté, explique cette responsable du département de génie mécanique, « les ORC comptent parmi les technologies les plus prometteuses » pour convertir en électricité la chaleur fatale à basse température (inférieure à 100-120 °C) produite en excès par certains sites. Mais leur efficacité faiblit si cette chaleur est trop faible (50 °C ou 60 °C), ce qui est le cas pour les data centers. De l’autre, poursuit-elle, « les systèmes solaires thermiques ont été largement étudiés et appliqués avec succès pour augmenter les températures dans la production d’énergie à petite échelle. Notre inspiration est venue de la mise en relation de ces deux approches ».
Depuis Lappeenranta (Finlande), où s’est tenue du 9 au 11 septembre la conférence ORC 2025 rassemblant chercheurs et industriels du secteur, l’ingénieur Arthur Leroux, cofondateur d’Enogia, spécialiste des ORC de petite puissance, confirme le réel intérêt pour le sujet. « La recherche de solutions de valorisation de la chaleur issue des data centers est un sujet d’actualité complexe, explique-t-il. Cette piste de recherche américaine est intéressante et permettrait, de surcroît, d’intégrer une fonction de stockage thermique. Cependant, ce ne serait pas une solution H24, et les panneaux solaires thermiques ne sont pas toujours compétitifs face au photovoltaïque. Cela nécessite des études complémentaires. » Cet expert ajoute que d’autres recherches sont parallèlement à l’étude actuellement.
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