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Histoires Web dimanche, mars 16
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Ce billet est extrait de l’infolettre « Chaleur humaine », envoyée tous les mardis à 12 heures. Chaque semaine, le journaliste Nabil Wakim, qui anime le podcast Chaleur humaine, répond aux questions des internautes sur le défi climatique. Vous pouvez vous inscrire gratuitement en cliquant ici. Et si vous cherchez une question déjà posée (et la réponse qui va avec), vous pouvez les retrouver par là : Climat : vos questions.

La question de la semaine

« Je ne comprends pas comment vous faites pour continuer à tenir le cap sur le réchauffement climatique, avec Donald Trump, Gaza, l’Ukraine, etc. Moi, j’ai l’impression que tout le monde s’en fiche, et je ne sais plus comment en parler autour de moi. Est-ce que vous auriez des conseils ou des avis là-dessus ? » Question posée par Mathilde à l’adresse [email protected]

Ma réponse : Je suis bien d’accord : c’est difficile. Non seulement beaucoup de gens ont l’esprit ailleurs, mais en plus, des forces contraires à la transition essaient de faire capoter une trajectoire qui n’était déjà pas terrible. Pour essayer de vous répondre, je me suis tourné vers les épisodes de « Chaleur humaine » qui traitaient de ce sujet pour voir si cela pouvait nous être utile dans ce moment pas simple.

1/ Se mettre à la place de son interlocuteur

C’est ce qu’expliquait la climatologue Valérie Masson-Delmotte dans un des tout premiers épisodes de « Chaleur humaine ». Elle racontait notamment que lorsqu’elle s’exprime devant des dirigeants d’entreprise ou des hommes politiques, elle va plutôt parler de la mise en place d’une économie bas carbone, plutôt que d’actions pour le climat. Dans une ville ou dans une région, elle va chercher des exemples qui concernent directement l’environnement dans lequel vivent les gens. « Il faut arriver à se mettre à leur place, essayer de comprendre en quoi cela les concerne, même si ce n’est pas une thématique qui les touche personnellement », expliquait-elle. Vous pouvez retrouver ici l’épisode complet.

2/ Parler aux gens d’eux-mêmes

C’est le conseil assez complémentaire de l’ingénieur Jean-Marc Jancovici : « Il faut toujours trouver des exemples qui renvoient au cas particulier des gens pour incarner le problème. Parce que à partir du moment où je leur parle d’eux, de quelque chose qui les concerne directement, je vais gagner du temps. » Même si cela peut parfois les choquer, il préfère dire la vérité en s’appuyant sur des choses qui vont directement concerner la vie des gens : des exemples concrets sur la consommation d’énergie, sur les risques climatiques sur le travail d’une personne ou sur son lieu d’habitation.

Vous pouvez retrouver ici l’épisode complet. Et, si vous préférez lire, une version texte ici.

3/ Ne pas polariser le débat inutilement

Dans un autre épisode, le sociologue Laurent Cordonier expliquait que le fait que le débat sur le climat se polarise de plus en plus est un risque important. « On n’a pas affaire à des adversaires, mais à des concitoyens qui ne pensent pas la même chose », affirmet-t-il. Bien sûr, il ne recommande pas de perdre du temps et de l’énergie avec des climatosceptiques militants et déjà convaincus – une minorité de la population française. Mais plutôt d’engager la discussion sur le climat avec des gens qui ne partagent pas forcément les idées. Pour que cette question centrale puisse être au cœur de débats pour tous les camps politiques, et pas un sujet de clivage politique classique.

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Vous pouvez retrouver ici l’épisode complet.

4/ Chercher des exemples plutôt que des gros chiffres

La chercheuse en sciences cognitives Mélusine Boon-Falleur détaille, dans cet épisode, les freins que nous avons toutes et tous face à l’action climatique. Il y a un point que j’ai retenu et que j’essaie d’appliquer depuis : une majorité de la population détourne le regard dès que l’on parle avec des très gros chiffres, par exemple des millions de tonnes de CO2. De la même manière, quand on dit que le monde va se réchauffer de 2 °C ou de 4 °C, beaucoup ne voient pas bien à quoi cela correspond. Elle encourage donc à citer des exemples plus concrets permettant des comparaisons qui s’appuient sur des expériences concrètes de nos vies. Un exemple que m’a donné récemment le climatologue Christophe Cassou : une France réchauffée de 4 °C en moyenne, cela veut dire que la canicule de 2022, c’est un été pas très chaud.

Vous pouvez retrouver ici l’épisode complet

5/ Laisser tomber les injonctions individuelles

Bien sûr, agir soi-même et encourager les gestes individuels, c’est important. Mais c’est parfois contre-productif, explique la sociologue Sophie Dubuisson-Quellier dans un des premiers épisodes du podcast. Elle soulignait notamment que tout le monde ne pouvait pas agir de la même manière, et que les injonctions venant d’en haut – ou de personnes plus favorisées – pouvaient favoriser un rejet des politiques climatiques, comme au moment des « gilets jaunes » « Les efforts étaient demandés à des gens [n’ayant] pas d’autre choix que d’utiliser une voiture et [n’ayant] pas la possibilité d’investir dans un véhicule moins polluant, et qui s’[étaient] retrouvés extrêmement pénalisés. » Dans mon expérience personnelle, c’est d’ailleurs souvent plus simple d’engager une conversation à ce sujet en parlant de ce que l’on peut faire collectivement, avant de parler des changements individuels.

Vous pouvez retrouver ici l’épisode complet – et par là, sa version texte

Un peu de « Chaleur humaine » en plus

Sur mon écran (1). Ce reportage d’Arte sur les conséquences de l’exploitation pétrolière au Nigeria, dans l’un des lieux les plus pollués au monde – tout en donnant la parole à celles et ceux qui essaient de s’en sortir. A regarder ici

Sur mon écran (2). Cet entretien sur la manière dont certains lobbys de l’agroalimentaire empêchent le développement du Nutri-Score, un outil bien utile pour notre santé et notre environnement. L’article de ma collègue Sandrine Cabut est à lire ici. Et vous pouvez, dans la foulée, écouter ce qu’en disait le médecin Jean-David Zeitoun lors du Festival des idées « Chaleur humaine ».

Écouter aussi Climat : en 2025, généraliser le Nutri-Score (7/10)

Sur ma table de nuit (1). 50 idées fausses sur les abeilles (Quae), un livre de Vincent Albouy et Aurélien Ausset qui répond à plein de questions, et où l’on apprend que les abeilles ne sont pas plus vieilles que les diplodocus, qu’il y a plein d’espèces d’abeilles qui savent produire du miel ou encore que la reine ne produit pas la gelée royale. A voir ici.

Sur ma table de nuit (2). Découvrir Gorz (Les Editions sociales). La philosophe Céline Marty explique de manière accessible la vision de l’un des premiers penseurs de l’écologie politique en France. Elle en avait dit un mot quand elle a participé au podcast « Chaleur humaine » à propos du travail. Vous pouvez d’ailleurs réécouter l’épisode « Faut-il travailler moins pour sauver le climat ? » en cliquant ici.

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