« La terre nourrit les plantes, les plantes nourrissent les animaux et les humains, mais qui va nourrir la terre ? », s’interrogeait Pierre Rabhi, figure de l’agroécologie. Et qui va lutter contre la pollution de celle-ci, aurait-il pu ajouter ? De fait, les trois quarts des sols français sont contaminés par des microplastiques, révélait l’Agence de la transition écologique (Ademe), fin décembre 2024. Ces fragments de plastique, d’un diamètre inférieur à 5 millimètres, sont issus de sources variées : engrais enrobés et paillages plastiques de terres agricoles, eaux usées servant à l’irrigation, décharges…
Quels peuvent être les impacts de ces microplastiques sur le développement des plantes ? Vaste question, tant ils dépendent des types de microplastiques (chimie, taille, additifs…) et de leur taux, mais aussi des espèces végétales concernées et des milieux de culture. « Les études sur le sujet sont relativement récentes », souligne Camille Larue, écotoxicologue au CNRS, à Toulouse.
Apparent paradoxe, certains microplastiques, à faible dose, peuvent favoriser la croissance de certaines plantes. Il s’agit en réalité d’un phénomène d’« hormésis », bien connu en médecine (la vaccination en est un exemple) : il résulte de la stimulation des mécanismes de défense des cellules contre leur agresseur. Au-delà d’une certaine concentration de microplastiques, cependant, les effets toxiques l’emportent.
Stress oxydant
« Les microplastiques peuvent avoir des effets négatifs directs sur la plante, mais aussi des effets négatifs indirects, en modifiant les communautés microbiennes ou les propriétés des sols, par exemple », dit Gabin Colombini, postdoctorant à l’Institut d’écologie et des sciences de l’environnement, à Paris.
Zoomons sur les effets directs. « Les microplastiques peuvent se fixer à la surface des racines et bloquer leurs pores, explique Camille Larue, perturbant ainsi les flux de minéraux et d’eau. » Les nanoplastiques, eux – de taille inférieure à 0,1 millionième de mètre –, peuvent aussi être internalisés dans les cellules végétales, où ils provoquent un stress oxydant. Ces contaminants peuvent, par ailleurs, se retrouver sur et dans les feuilles, où ils risquent de « limiter la photosynthèse », relève M. Colombini.
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