Sous une lumière rasante de fin d’après-midi, le 8 septembre, débute un ballet de bus blancs. Bringuebalant, transportant de jeunes ouvrières, ils vont et viennent dans un nuage de poussière, se frayant un passage parmi les vaches et les camions de livraison lancés à vive allure. Quelques femmes franchissent le portail à pied et s’empressent de grimper en amazone sur les motos de leurs époux aux visages juvéniles.
A l’entrée du campus de Foxconn, à Sriperumbudur, situé à une quarantaine de kilomètres de Madras, dans le Tamil Nadu, en Inde, cette drôle de chorégraphie se répète à l’identique plusieurs fois par jour, rythmée par l’heure de rotation des équipes. Ici, dans la « capitale indienne de l’iPhone », quelque 45 000 personnes, dont plus de 80 % sont des femmes, œuvrent 24 heures sur 24 pour assembler les smartphones dernier cri d’Apple.
Ces ouvrières se trouvent au cœur de la stratégie de diversification d’Apple, impulsée il y a près de dix ans sur fond de guerre commerciale entre Washington et Pékin, durant le premier mandat de Donald Trump (2017-2021). Alors que le succès des iPhone reposait jusque-là largement sur la chaîne d’approvisionnement chinoise, dès 2017, l’entreprise de Cupertino (Californie) commence à en assembler en Inde. La pandémie due au Covid-19 marquera un tournant. Et aujourd’hui, près de un iPhone sur cinq vendus dans le monde est fabriqué dans le sous-continent. International Data Corporation Asia Pacific estime ainsi qu’environ 43 millions d’iPhone ont été fabriqués en Inde en 2024, la grande majorité destinée à l’export.
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