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Histoires Web mercredi, septembre 18
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Un trottoir débordant d’emballages en carton, à Paris.

Et si, avec Léon Marchand et les phryges, les lits en carton recyclé proposés aux athlètes étaient les autres stars des Jeux olympiques de Paris ? « Trop durs », selon certains sportifs, qui ont même dû aller se faire masser, ces lits ont fait preuve d’une incroyable viralité, suscitant des tests de solidité hilarants en vidéos et de folles rumeurs : certains adeptes du complotisme nocturne ont voulu voir dans ces couchages d’apparence précaire, déjà utilisés lors des JO de Tokyo dans un but écologique, des dispositifs anti-sexe. Plus récemment, ils ont à nouveau fait parler d’eux à l’occasion des Jeux paralympiques. Champion de volley assis atteint d’acromégalie, l’athlète iranien Morteza Mehrzad, 2,46 mètres sous la toise, a reçu trois extensions pour compléter son sommier modulable et arrêter ainsi de dormir par terre. Loin d’être anecdotique, cette hype du lit en carton raconte à sa manière la place centrale désormais occupée par ce matériau dans nos vies.

Aux Etats-Unis, les entreprises agroalimentaires Nabisco et Kellogg’s ont popularisé son utilisation pour emballer leurs biscuits et leurs céréales dès 1905. Véritable extension de l’image d’une marque, le carton offre un espace supplémentaire pour apposer un logo, un slogan, les couleurs ou l’univers d’une entreprise… « L’emballage, c’est le premier lien physique avec notre client. C’est un objet en soi », confirme Caroline Bordet-Le Lann, responsable RSE chez Cdiscount. De nouveauté engageante, il est passé en quelques décennies au statut d’évidence envahissante.

Quand Ludovic Franceschet, éboueur star de TikTok, entame en août 2023 un pèlerinage à pied entre Paris et Marseille pour sensibiliser à la question des déchets sur ses réseaux sociaux, il est rapidement stupéfait par ce qu’il trouve sur la route des ordures : « De Brétigny, en Essonne, à Avignon, dans le Vaucluse, on a découvert de véritables champs de cartons. A la place des coquelicots, le symbole Amazon, partout ! » Au quotidien, cet éboueur est au contact des secrets de nos poubelles. « Le carton a envahi nos vies, il est omniprésent dans ce que l’on consomme. Alimentation, hygiène, colis Vinted ou Cdiscount, sans compter les boîtes de pizza par milliers ! », débite-t-il.

La consigne donnée aux éboueurs de ramasser uniquement les poubelles fermées est dorénavant impossible à respecter : « On doit forcer avec les mains pour que tout rentre dans le container jaune, en partie parce que la taille de nos poubelles n’est plus du tout adaptée à notre consommation. » En rentrant chez lui le soir, il lui arrive de penser aux cartons gisant encore au pied des bacs. « S’il pleut, ils deviennent de la compote et s’infiltrent dans nos égouts, puis nos rivières », déplore Ludovic Franceschet. S’il s’agit d’un des matériaux qui se recyclent le mieux en France, il est souvent associé à des encres qui peuvent contenir des produits chimiques ou des métaux lourds (surtout les emballages alimentaires ou promotionnels). Certains subissent parfois des traitements à base de produits chimiques pour améliorer la résistance à l’eau ou aux graisses, et leur décomposition peut contaminer les sols ou les nappes phréatiques.

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