Dans les années qui précèdent l’adoption de la loi du 11 juillet 1975 sur le divorce à l’amiable, le modèle familial est en plein bouleversement. « On commence à se défaire d’une vision très stricte des rôles genrés – le père au travail, la mère au foyer – bien établie depuis les années 1930, contextualise le sociologue François de Singly, spécialiste de la famille et du couple à l’université Paris Cité. Les femmes, y compris les mères, entrent massivement dans le salariat. C’est le début de la société de consommation avec un modèle familial à deux salaires. »
Le mariage devient plus égalitaire, le carcan conjugal se desserre. La législation modifiant les régimes matrimoniaux de juillet 1965, permettant enfin aux femmes mariées de gérer leurs biens et leurs contrats de travail comme elles l’entendent, sans l’accord de leur conjoint, n’a que dix ans.
« Avant cette loi, le mariage est une institution entièrement patriarcale », résume Céline Bessière, sociologue de la famille à l’université Paris-Dauphine. « Cette évolution ne se fait pas sans frottement. Puisque les mères se mettent à travailler, des journalistes parlent d’enfants “orphelins” en journée… », rappelle François de Singly.
« Le juge devait désigner un coupable »
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