Le 7 juillet 2024, à l’issue du second tour des élections législatives consécutives à la dissolution de l’Assemblée nationale, la France s’est retrouvée brusquement plongée dans le grand bain du parlementarisme sans vraiment savoir nager. Elle ne connaissait que la bouée du « majoritarisme ». Mais celle-ci ne fonctionne plus de manière automatique, ce qui nous laisse désorientés quand l’Hémicycle est morcelé.
Nous étions en effet habitués, depuis les débuts de la Ve République, ou en tout cas depuis 1962, à des majorités absolues ou s’en approchant. Cohabitation ou pas. Le fonctionnement institutionnel était donc simple, voire simpliste. La procédure législative est, pour l’essentiel, dirigée et contrôlée par le gouvernement.
Tel est le parlementarisme rationalisé, caractéristique principale de la Ve, qui donne de très grands pouvoirs au premier ministre. Et, en toute logique, les députés de la majorité suivent le chef d’orchestre, car il a les armes institutionnelles pour les obliger à rester groupés. La plus puissante d’entre elles, l’article 49.3, est désormais connue et comprise par tous nos concitoyens. Elle se résume à « Obéis-moi ou tue-moi ». Mais en majorité très relative, elle se retourne contre le gouvernement. Michel Barnier en a été victime fin 2024.
Incapacité regrettable
En quelques décennies de gouvernance « facile », nous avions oublié un acquis démocratique majeur des IIIe et IVe Républiques, à savoir la conscience de la difficulté à gouverner. En cas d’absence chronique de majorité stable au Palais-Bourbon, comme c’est le cas actuellement, il est impossible de faire des compromis si chacun attend pour agir la prochaine période majoritaire en sa faveur, laquelle ne reviendra peut-être pas avant longtemps.
La plupart de nos concitoyens semblent regretter l’incapacité des formations politiques à s’entendre intelligemment, à l’instar de nos voisins européens, en faisant des concessions réciproques pour avancer sur l’essentiel. Et ils leur reprochent sans doute aussi leur tendance à générer des blocages sur des différences minimes.
Il vous reste 57.68% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.