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C’est un terme qui figure de plus en plus souvent dans les rapports scientifiques mais aussi les débats politiques. Celui d’overshoot, qui prend dans le contexte climatique le sens de « dépassement et retour » en français, soit l’idée qu’après avoir franchi la limite de 1,5 °C de réchauffement, les pays parviendraient, à grand renfort de technologies, à revenir à ce seuil, considéré comme évitant le maximum d’impacts meurtriers du dérèglement climatique. Ainsi, le monde respecterait, sur le long terme, l’accord de Paris de 2015, qui vise cette température. En réalité, ce dépassement comporte de nombreux risques, et n’empêcherait pas certaines conséquences irréversibles du changement climatique, selon une large étude publiée dans Nature mercredi 9 octobre. En résumé, un retour en arrière total est impossible.

« La notion d’overshoot gagne du terrain, alors que le monde se dirige vers [une augmentation moyenne de la température de] 1,5 °C », note Carl-Friedrich Schleussner, l’auteur principal de l’étude et scientifique du climat à l’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués (Autriche). La planète s’est déjà réchauffée de 1,3 °C depuis l’ère préindustrielle, provoquant un cortège d’inondations, canicules ou incendies. « Mais même si l’on parvenait à faire redescendre la température mondiale après avoir franchi ce seuil, le climat et le monde ne seraient pas les mêmes qu’avant », prévient-il. La « seule façon de limiter les dégâts », selon lui, reste de réduire les émissions de gaz à effet de serre dès maintenant, afin d’empêcher le réchauffement de trop s’aggraver.

La limite de 1,5 °C devrait être franchie au début des années 2030, selon le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui avait seulement effleuré la notion d’overshoot. Les nouveaux travaux publiés dans Nature, menés pendant trois ans et demi par 30 scientifiques financés par l’Union européenne, explorent pour la première fois une multitude de scénarios de dépassement – dont la trajectoire actuelle d’un réchauffement de près de 3 °C en 2100 – et leurs impacts à court et très long terme (jusqu’en 2300).

« Excès de confiance »

Ainsi, même si la température chutait, certains impacts du réchauffement climatique seraient irréversibles, à l’échelle mondiale ou dans certaines régions. C’est le cas de la hausse de la mortalité due aux vagues de chaleur, des extinctions d’espèces, des pertes économiques, de la disparition des glaciers, de la fonte du pergélisol (les sols toujours gelés) ou encore de la destruction des tourbières. Un overshoot augmenterait aussi la probabilité de déclencher des points de bascule, comme la disparition des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique de l’Ouest ou le dépérissement de l’Amazonie.

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