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La science et la diplomatie doivent-elles avancer de concert ? Si oui, faut-il mieux coordonner le calendrier du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et celui des Conférences des parties sur le climat (COP) ? Alors que le GIEC publie ses rapports d’évaluation au terme de cycles de six à sept ans, l’action climatique des pays est censée monter en puissance tous les cinq ans. Une différence qui fait courir le risque que le septième rapport d’évaluation du GIEC arrive trop tard pour peser sur la COP de 2028, qui sera le moment du deuxième bilan de l’accord de Paris adopté en 2015.

« Un affrontement dans la communauté climatique est évident, a ainsi écrit Fabrice Lambert, climatologue et délégué du Chili auprès du GIEC, dans un article publié par la revue Nature, le 1er octobre. Je pense que la production des prochains rapports devra être alignée avec le prochain bilan de l’accord de Paris. Nous sommes à un moment crucial. »

Une masse de littérature scientifique à synthétiser

Cette distorsion entre le temps scientifique et le temps de la diplomatie climatique date de 2015. Lors de la signature de l’accord de Paris, les parties se sont engagées à présenter de nouvelles contributions déterminées au niveau national, leur plan d’action, tous les cinq ans (en 2020, en 2025 et en 2030). Deux ans avant ces échéances, l’ONU produit un « Global Stocktake », c’est-à-dire un bilan des actions réalisées par les Etats signataires, un document qui permet à toutes les parties de se rendre compte des prochaines marches à franchir. Ce prochain « bilan mondial » devra être produit avant la COP de 2028. De son côté, « le GIEC doit tout faire pour tenir les délais les plus ambitieux [pour produire ses rapports d’évaluation] car la disponibilité de ce travail sera essentielle pour le bilan de l’action climatique », poursuit M. Lambert. D’autant plus que ce prochain bilan arrivera à un moment où l’humanité sera sur le point de franchir le seuil le plus conséquent de l’accord de Paris, soit + 1,5 °C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle.

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Entre 2022 et 2023, les calendriers des scientifiques et des diplomates s’étaient parfaitement synchronisés. Le GIEC avait publié ses trois rapports d’évaluation entre août 2021 et avril 2022, puis le rapport de synthèse était sorti en mars 2023. Ce qui avait laissé du temps à l’ONU pour travailler sur ces données avant de publier un « Global Stocktake » complet, qui avait été au cœur des discussions lors de la COP28, à Dubaï, à la fin de l’année 2023. Mais il est peu probable que cet alignement se reproduise.

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