Une entreprise particulièrement polluante peut-elle être tenue pour responsable du réchauffement climatique, et donc payer pour les conséquences de son activité ? C’est la question à laquelle ont répondu des juges allemands, mercredi 28 mai, ultime rebondissement d’une affaire ouverte il y a neuf ans, opposant un agriculteur péruvien au groupe énergétique allemand RWE, grand exploitant de centrales à charbon. Saul Luciano Lliuya exigeait de RWE, non actif au Pérou mais responsable d’immenses émissions de CO2, qu’il paie pour protéger des inondations sa maison située près du lac glaciaire Palcacocha, dont le niveau augmente dangereusement depuis plusieurs années.
Le tribunal d’instance de Hamm, près de Dortmund, a rejeté la plainte, sans appel possible. Concrètement, le plaignant, soutenu depuis 2015 par l’organisation environnementale Germanwatch, réclamait à RWE 17 000 euros, sur la base du calcul suivant : ayant évalué la part de RWE dans le total des émissions mondiales de CO2 à 0,47 %, il exigeait une participation équivalente aux coûts des travaux de protection de sa maison contre les inondations à venir, estimés à 3,5 millions d’euros. Le juge a considéré que le risque encouru par le Péruvien était insuffisant. S’appuyant sur une analyse d’experts, il a estimé que la possibilité que sa maison soit détruite dans les trente prochaines années était « nettement inférieure à 1 % ».
Il vous reste 75.36% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.