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Histoires Web lundi, mars 31
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« Si tu savais ce que j’ai vécu ! Ils ont fait de nous ce qu’ils ont voulu ! » Ces mots sont gravés dans la mémoire de Danielle Cabrera à jamais. Ce sont ceux de sa mère, Arlette, en 2020. Au plus fort de la pandémie de Covid-19, à 87 ans, la vieille dame a été confinée six semaines, entre mars et avril, dans l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) où elle résidait, dans un village du Var. Puis il y eut les visites sur rendez-vous, d’une demi-heure, au parloir. « Pas une minute de plus autorisée, se souvient Mme Cabrera, sans pouvoir se toucher. »

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En juin, quand les portes se sont rouvertes, Arlette avait perdu 15 kg et toutes ses dents. Sauf une. « Ils lui avaient enlevé son appareil dentaire. Elle avait un trou dans la gencive nécrosée par des aliments putréfiés », raconte sa fille. Après quelques visites chez le dentiste et des soins de bouche, Arlette retrouve l’appétit, des envies de vivre.

Quand, soudain, à l’été, l’Ehpad ferme encore, Mme Cabrera « a supplié » qu’on la laisse entrer pour, « au moins », aider Arlette à « prendre ses repas ». Refus de la directrice : « Votre maman va très bien. On ne m’a rien signalé. » A l’automne, les visites sur rendez-vous ont repris. De moins d’une heure et hors de la chambre. Arlette Cabrera est morte le 29 novembre. Non pas du Covid-19. Elle a été emportée, témoigne sa fille, par « la cruauté de ce qu’elle a vécu, qui l’a privée de plusieurs mois de vie ».

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