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Histoires Web lundi, juin 2
Bulletin

« Erik Satie », de Christian Wasselin, Folio, « Biographies », inédit, 352 p., 10,50 €.

« La Princesse Bibesco. Frondeuse et cosmopolite », d’Aude Terray, Texto, 432 p., 12 €.

« Le Goût de l’aventure », anthologie d’Evane Luna, Mercure de France, « Le Petit Mercure », 128 p., 9,80 € (en librairie le 5 juin).

C’est à Aristide Filoselle, le fonctionnaire pickpocket du Secret de la Licorne, d’Hergé, que Christian Wasselin compare, dès les premières notes de sa biographie, Erik Satie (1866-1925). Ma foi, l’archet sonne à la corde : parapluie, melon, moustache Napoléon III, costume de gratte-papier célibataire, tout y est. D’autres figures tintinesques, néanmoins, font signe : Satie n’a-t-il pas été le Tryphon Tournesol de la musique fin de siècle ? Mélange perturbateur d’hirsutisme social et de marginalité esthétique, silhouette chaplinesque zigzaguant entre rituel ésotérique et déhanchement canaille, ascèse et bamboche, érémitisme et bordées montmartroises. Et, surtout, création d’une posture artistique antiacadémique qui fait tourner en bourrique la musique française, la musique, tout court.

Honfleurais de souche (« K » pour viking), marqué par un père fantasque et nanti d’une belle-mère rugueuse, oiseau de passage du conservatoire, Satie conçoit depuis le piano une œuvre non paramétrable, un bastringue nébuleux où la barre de mesure joue les filles de l’air, un catalogue qui excède dès les titres (Trois morceaux en forme de poire, Embryons desséchés) et les indications de jeu (« ne me faites pas rire, brin de mousse, vous me chatouillez »).

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