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Développer la maladie de Parkinson ou encore le lymphome non hodgkinien et sa forme du myélome multiple : dans une décision rendue lundi 12 mai, le tribunal administratif de la Martinique a reconnu ces risques comme un préjudice moral d’anxiété. Le tribunal a condamné l’Etat français à indemniser deux anciennes ouvrières agricoles dans le scandale environnemental et humain qu’est le chlordécone, un pesticide ultra-toxique, aux Antilles.

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Les juges ont estimé qu’elles apportaient « suffisamment d’éléments pour justifier d’un préjudice moral d’anxiété réparable, après avoir constaté que les intéressées avaient travaillé pendant plus de dix ans dans une bananeraie, en qualité d’ouvrières agricoles, et qu’elles avaient participé dans ce cadre aux travaux d’épandage manuel du chlordécone dans les zones de cultures, sans matériel de protection », a résumé, dans un communiqué accompagnant les décisions, le tribunal administratif. Le tribunal a donc condamné l’Etat à indemniser les deux victimes, à hauteur de 10 000 euros chacune en réparation de ces préjudices.

Ces condamnations interviennent deux mois après une décision de la cour administrative d’appel de Paris, en mars, dans laquelle elle a estimé que l’Etat devra désormais indemniser les victimes du chlordécone démontrant ce préjudice moral d’anxiété.

« Une série de fautes » commises par l’Etat

Saisie par 1 286 plaignants de Martinique et de Guadeloupe, la cour avait estimé que « l’Etat a[vait] commis des fautes », notamment « en accordant des autorisations de vente d’insecticides à base de chlordécone » et « en permettant leur usage prolongé ».

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Seules une dizaine de victimes ont été reconnues comme pouvant prétendre à une indemnisation, en raison de la difficulté d’établir les preuves (analyses sanguines et études environnementales) permettant de montrer une « exposition effective à la pollution des sols, des eaux ou de la chaîne alimentaire » et un risque élevé de développer une pathologie grave.

A son tour, le tribunal administratif de la Martinique a relevé une « série de fautes » commises par l’Etat et « de nature à engager sa responsabilité », notamment dans les autorisations de vente des produits pesticides à base de chlordécone, qui ont été interdits en 1990 mais qui ont fait l’objet de dérogations afin de permettre l’utilisation des stocks restant dans les bananeraies jusqu’en 1993.

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Le Monde avec AFP

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