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Les visages sont tendus, tournés vers la scène du foyer municipal de Pont-de-Claix (Isère). Mercredi 23 octobre, environ 200 salariés de Vencorex attendent la prise de parole des syndicats, au surlendemain du délai fixé pour déposer les offres de reprise de l’entreprise, détenue par le groupe pétrochimique thaïlandais PTT GC et placée en redressement judiciaire depuis plus d’un mois. « Vous le savez sûrement tous déjà, mais il n’y a qu’une seule offre », lâche au micro Séverine Dejoux, élue du comité social et économique (CSE) de Vencorex.

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La nouvelle est un coup dur, car l’unique offre déposée est celle du principal concurrent de l’entreprise spécialisée dans les isocyanates (utilisés dans les peintures et vernis pour les secteurs de l’automobile, de la construction ou de l’électronique), le groupe chinois Wanhua. Celui-là même qui, avec sa politique de prix agressive lui permettant d’afficher une santé financière insolente, aurait largement contribué aux difficultés que connaît Vencorex depuis quelques années. Par le biais d’une filiale hongroise − l’entreprise Borsodchem −, Wanhua a proposé de reprendre un seul atelier de Vencorex, celui des tolonates, un dérivé des isocyanates, et seulement 25 salariés sur les 450 de la société moyennant un chèque de 1 million d’euros, selon une offre que Le Monde a pu consulter.

L’offre est d’autant plus insatisfaisante pour les syndicats qu’un certain nombre de conditions suspensives y sont assorties. Wanhua demande notamment à pouvoir récupérer tous les brevets et tous les droits de propriété intellectuelle de Vencorex France. Il conditionne aussi la reprise à la conclusion d’un accord de principe sur le rachat de deux sociétés sœurs de Vencorex France, l’une établie en Thaïlande et l’autre aux Etats-Unis. « En fait, il y a tellement de conditions suspensives qu’on ne peut pas dire que l’offre est ferme et concrète », souligne Séverine Dejoux.

« Lignes rouges »

« C’est la catastrophe, la sidération », alertent les syndicats, selon lesquels « au moins sept repreneurs potentiels avaient été évoqués » depuis le placement de Vencorex en redressement judiciaire, le 10 septembre. Les attentes étaient grandes, en particulier à l’endroit d’Arkema, qui possède une usine sur la plateforme chimique de Jarrie, voisine de celle de Pont-de-Claix où opère Vencorex, et qui se fournit en sel auprès de cette dernière pour fabriquer du chlore, de la soude et des produits dérivés.

L’approvisionnement en sel est tiré de l’exploitation d’une mine située à Hauterives, dans la Drôme. La matière première est ensuite acheminée par saumoduc, une infrastructure qu’Arkema a cofinancée avec Vencorex, contre un approvisionnement en sel à un prix très avantageux. La porte-parole d’Arkema avait déclaré au moment du placement redressement judiciaire de Vencorex, que « l’objectif (…) [était] d’assurer la continuité de l’approvisionnement en sel pour le site de Jarrie ».

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