Chigozie Obioma a toujours su qu’il écrirait ce livre, son grand roman sur la guerre d’indépendance du Biafra (1967-1970). Revêtu d’une veste bleu nuit, l’écrivain nigérian ménage le suspense face au public venu l’écouter à Littérature Live, le festival littéraire de Lyon, le 23 mai. Est-ce l’imposant décor de l’ancien couvent des Subsistances ? La lumière de fin du jour perçant à travers la verrière ? Tout semble prêt pour une révélation.
Avec lui, l’assistance remonte le temps. Nous sommes en 1993.Chigozie Obioma a 7 ans. C’est un enfant curieux, qui pose beaucoup de questions à sa mère. Encore plus cette année-là, qui a vu le général Sani Abacha (1943-1998) prendre la tête du Nigeria après un coup d’Etat et réprimer violemment toute contestation. La famille du futur auteur fait route de nuit pour arriver au village natal du père. « Nous avons croisé des personnes avec des membres amputés, des cicatrices, je me souviens d’une jeune femme dont le visage avait été comme dévoré par quelque chose, relate-t-il. J’ai demandé à ma mère ce qui était arrivé à tous ces gens, elle m’a simplement répondu : “La guerre.” » Il lui a fallu vingt-cinq ans pour commencer à creuser ce mystère.
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