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La boutique Veja de Bordeaux, installée dans l’écosystème Darwin, le 22 août 2024.

Le regard concentré derrière ses lunettes, Lyphane Saing compare minutieusement l’épaisseur de deux semelles qu’il vient de découper dans une plaque de caoutchouc marron. « J’aime le ressemelage, parce qu’il faut être très précis : les nouvelles semelles doivent être exactement identiques aux anciennes et entre elles », précise-t-il en collant l’une des pièces de caoutchouc sous une tennis blanche ornée d’un « V » violet.

Le jeune homme est le dernier embauché de la cordonnerie Veja, à Bordeaux. Engagée en faveur de l’écologie et du commerce équitable, la marque a naturellement trouvé sa place chez Darwin, tiers-lieu tentaculaire où l’on navigue entre brasserie artisanale, incubateur de start-up et salon de tatouage. La boutique vend des paires de sneakers (entre 100 et 200 euros), mais les clients peuvent aussi venir y déposer des chaussures à réparer, qu’elles soient ou non estampillées Veja. « Les baskets les plus écologiques sont celles que vous portez déjà », affiche le comptoir de la cordonnerie. Patientant dans des casiers, les candidates à la réparation sont autant des baskets à virgule ou à trois bandes que des sandales ou des chaussures de randonnée. Prix de l’opération : de 10 euros pour un rapide coup de jeune à 80 euros pour une remise à neuf intégrale.

Coton bio et latex

« Quand on a dit qu’on voulait réparer des baskets, on nous a pris pour des malades », se souvient Bérénice Picard, qui a participé à l’ouverture de l’atelier, en 2020. Il faut dire que, jusque-là, les travaux de cordonnerie étaient réservés aux souliers haut de gamme. Avec leurs matériaux disparates et leurs semelles en caoutchouc capricieuses, les tennis abîmées étaient difficiles à réparer et finissaient le plus souvent à la poubelle. « Veja est pionnière dans sa catégorie. Les baskets ne sont pas un produit qu’on a l’habitude d’apporter chez le cordonnier », confirme Elsa Chassagnette, responsable Fonds de réparation chez Refashion, « l’éco-organisme du secteur textile, linge de maison et chaussures ».

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La marque a tout de même souhaité relever le défi, fidèle à sa tradition de réduction maximale de ses impacts sur l’environnement. Cette obsession remonte aux années 2000. Fraîchement diplômés, les futurs fondateurs de la marque, Sébastien Kopp et François-Ghislain Morillion, se retrouvent à mener un audit dans une usine chinoise de textile. Un choc. Ils en ressortent décidés à produire des baskets, parce que c’est leur passion, mais de façon socialement et écologiquement responsable.

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