Chez Atout France, l’agence chargée du tourisme, la crainte d’être englouti par Business France

Que va devenir Atout France, l’agence de l’Etat chargée du tourisme ? Alors que le secteur dispose, pour la première fois depuis 2007, d’une ministre chargée spécifiquement de ce domaine, Marina Ferrari, cette dernière pourrait être privée de son principal levier d’action.

La route a été tracée par le premier ministre, Michel Barnier : il souhaite rapprocher Atout France et Business France, pour faire des économies budgétaires. La fusion de ces deux structures chargées de l’attractivité de l’Hexagone, l’une auprès des investisseurs étrangers, l’autre auprès des touristes, sera amorcée « dès 2025, notamment en vue d’une réorganisation de leur réseau à l’étranger et d’une mutualisation de leurs moyens », selon le projet de loi de finances de 2025, présenté jeudi 10 octobre.

La réforme d’Atout France, structure qui emploie 350 personnes (150 à Paris, 200 à l’étranger), est sur la table depuis un moment. En mai, lors d’un comité interministériel du tourisme, l’exécutif avait annoncé son intention de moderniser cette agence, qui a « perdu son dynamisme originel », comme le reconnaît Dominique Marcel, président de l’Alliance France Tourisme, qui regroupe les poids lourds du secteur. Sa stratégie à l’international était régulièrement critiquée, tout comme son éloignement du tissu économique tricolore.

Elle souffrait surtout de dysfonctionnements internes : mi-juin, la polytechnicienne Caroline Leboucher, directrice d’Atout France depuis 2019, a quitté ses fonctions, dans un contexte de vives tensions avec certains salariés. Depuis, elle n’a pas été remplacée. Coïncidence : Business France se trouve aussi sans capitaine depuis que son ex-directeur, Laurent Saint-Martin, a pris la barre du ministère du budget en septembre. Le moment peut sembler opportun pour un rapprochement. Pour prendre la tête de la future structure, deux noms circulent : Olivia Grégoire, députée Renaissance de Paris et ex-ministre en charge du tourisme, et Louis Margueritte, ancien député macroniste et haut fonctionnaire de Bercy.

Faiblesse inédite

Chez Atout France, cette annonce de fusion a été accueillie de manière « très douloureuse », confie une cadre, en interne. D’autant que les deux agences ne jouent pas à armes égales : Business France est quatre fois plus gros. « Cette fusion-absorption n’a pas de sens. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’éléments à mutualiser », remarque Hervé Novelli, qui a participé, en 2009, à la création de l’agence. Surtout, aucune feuille de route, aucune vision stratégique n’a été communiquée. « Atout France est dans l’œil du cyclone de la réduction des dépenses publiques, alors que sa subvention est modeste, et que les gains potentiels de mutualisation avec Business France sont loin d’être évidents. Nous sommes sidérés par la méthode. Où est l’intérêt général, où est la considération des salariés ? », s’indigne un autre cadre d’Atout France.

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