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NETFLIX – À LA DEMANDE – SÉRIE DOCUMENTAIRE

Cette nouvelle livraison de quatre épisodes de Chef’s Table, lancée par David Gelb en 2015, est la dixième de la série culinaire proposée par Netflix : consacrée aux nouilles et aux pâtes, elle complète une série dérivée qui s’est attachée successivement à la pâtisserie (saison 5, 2018), au barbecue (saison 8, 2020) et à la pizza (saison 9, 2022).

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Comme toutes les saisons de Chef’s Table, à l’exception de la troisième, en 2016, tournée exclusivement en France, celle-ci parcourt la planète – même si certains des chefs retenus, aux origines non occidentales, se sont exilés, comme la Chinoise Guiron Wei, venue du Shaanxi, province de la Chine centrale, qui a ouvert, en mars, son troisième restaurant à Londres.

Cette dernière a révélé à la scène culinaire locale une cuisine qui a remporté un succès immédiat et durable. A San Francisco, Nite Yun, née dans un camp de réfugiés cambodgiens aux Etats-Unis, a fait connaître la cuisine khmère, méconnue en Californie et souvent confondue avec les traditions thaïe et vietnamienne.

Portraits de chefs

Les deux autres épisodes font le portrait de l’Américain Evan Funke, qui a appris la technique de la pâte fraîche italienne (et la langue du pays) à Bologne, auprès d’une cheffe et pédagogue respectée, avant d’ouvrir des enseignes à Los Angeles – où le « sans gluten » est pourtant roi. Dommage qu’en se prenant pour un artiste visionnaire Funke ait la tête qui enfle comme une pâte au levain.

Le chef napolitain Peppe Guida est quant à lui considéré comme l’un des magiciens de la pâte sèche. C’est, des quatre épisodes, le seul où l’on trouvera de quoi appliquer chez soi quelques trucs, tours de main et recettes. Mais Gelb avait prévenu : « Je ne veux pas montrer comment les chefs cuisinent mais pourquoi. »

Tous les épisodes appliquent la dramaturgie qui a fait de Chef’s Table, à ses débuts, une série novatrice dont la sophistication de la réalisation (gros plans, flous artistiques, ralentis, acmés pathétiques, musique classique « classieuse ») a été reprise par de nombreuses autres productions télévisuelles.

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Chaque épisode narre les affres personnelles des chefs par séquences distendues et nappées d’une musique New Age improbable ou pseudo-classique (le générique des Quatre saisons de Vivaldi « recomposées » par Max Richter, une fausse suite de Bach pour violoncelle seul, etc.). Leur biographie a tout son intérêt et mérite le respect ; son traitement mélodramatique beaucoup moins.

A force de répéter ad nauseam ses lieux communs rhétoriques, Chef’s Table a fini par attirer le regard narquois de parodies diverses. On s’était beaucoup amusé à l’épisode proposé par des anciens de l’émission Saturday Night Live, aux Etats-Unis, dans la série de pastiches Documentary Now (2015-2019), également inspiré par un premier documentaire de David Gelb, Jiro Dreams of Sushi (2011).

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Plus récemment, une série d’épisodes parodiques a été proposée par la chaîne Dropout, plus drôles encore car calqués exactement sur les codes graphiques, sonores et dramaturgiques de l’original. Avec les interventions de faux critiques culinaires tellement caricaturaux qu’ils finissent par ressembler aux vrais qu’on voit, dans Chef’s Table, dresser le portrait hagiographique des chefs entre deux pâmoisons extasiées.

Chef’s Table : Noodles, de David Gelb (US., 2024, 4 x 46-50 min.).

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